Sale gosse

Je suis un sale gosse. J’ai l’impression d’être juste un gosse particulièrement capricieux. On me le disait beaucoup quand j’étais enfant, mais avec les années le vocabulaire change. J’ai eu droit à des qualificatifs plus gerbants les uns que les autres. J’y ai cru, pendant des années. J’y crois encore. Même si mes proches actuel-les me disent que ça n’a rien à voir, que ce sont mes souffrances qui parlent ou je ne sais quoi. J’ai beau les entendre, j’ai beau répéter ces discours (et les penser) quand il s’agit des autres, je suis incapable de me les appliquer à moi-même. Parce que mon estime de moi est comparable à mes chaussures (je marche pieds nus). J’ai envie, j’ai besoin, de me remettre à écrire, pour tenir. Mais ça me coûte trop d’énergie en même temps. Et j’ai peur de n’avoir aucun talent. Oh, je sais, pas besoin d’exceller pour exercer, c’est un point de vue capitaliste. Mais, comme d’hab, je ne l’applique qu’à moi (et donc, plus que du capitalisme, c’est probablement de la dévalorisation : tu ne vaux rien, tu n’es pas capable de faire quoi que ce soit correctement). J’ai un besoin maladif d’avoir raison. Peut-être parce qu’on m’a trop répété que j’avais tort, à tort voire sans chercher à savoir, peut-être parce que les choses me tiennent à coeur et que quand je dis un truc j’essaie d’éviter les fausses info. Peut-être parce que je suis trop sincère et sensible. Mais peut-être aussi parce que je suis simplement un sale connard pédant et prétentieux. Je suis un sale gosse. J’arrête pas de chouiner, de me plaindre que j’ai mal, que je peux pas faire ci ou ça. Oui c’est vrai, en ce moment je peux strictement rien faire. Oui c’est vrai, j’ai mal partout et mes humeurs sont en vrac. Oui c’est vrai, il s’est passé un peu trop de trucs dans ma vie et j’ai pris cher niveau confiance (en moi et en l’autre). Mais pourquoi j’éprouve le besoin de renvoyer ça aux gens qui m’entourent aujourd’hui ? Iels y sont pour rien si j’ai mal. Si je supporte rien. Mais comment supporter des situations invivables ? Comment supporter la douleur permanente, les questions permanentes, l’incertitude permanente ? Incertitude des sentiments, des intentions, des autres, incertitude de ma situation, de mes possibilités, de mes soins, incertitude de ce que je vais pouvoir faire, et des projets que j’aurais pu avoir. 21 avril 2020. En vrai y a une explication à mon intérêt pour les fanfic en mode Drarry Bon fin j'aime bien et tout, ça ça s'explique pas Mais y a un truc logique qui explique en partie C'est hyper moins horrible et glauque que le reste des fictions. Genre les gens sont gay bi pan etc, sans avoir à faire de CO (la plupart du temps), y a vachement peu d'homophobie (quand y en a c'est globalement de la part des famille sang pur qui sont déjà racistes donc ça surprend pas), en général Harry et Hermione sont pas blanc-hes (et j'ai du mal à les imaginer blanc-hes maintenant) et personne ne les désavantage pour ça, pareil pour le sexisme : quasi inexistant, y a bien quelques vannes des fois mais c'est à peu près tout... Le côté où ça pêche encore selon moi, c'est niveau handicap physique et NA, parce que même si on a déjà l'habitude des perso NA valorisé-es partout dans la fiction bah on sait bien que qqn comme ça dans la vie prend cher, et en vrai y a quand même de la psychophobie, et je suis pas sûr d'avoir croisé des perso handi (ou alors handi pour quelques semaines, genre accident puis hôpital puis c'est bon) Et pareil, dans celles que je lis, les rares fois où y a du harcèlement, c'est dénoncé et/ou ça vient de méchant-es Bref, c'est hyper reposant, et ça ressemble vachement au monde dans lequel je veux vivre. 3 août. J'suis là à paniquer de pas en faire assez, avoir honte de prendre des jours off ou même juste de ne pas lire/écouter CHAQUE truc qu'on m'envoie (particulièrement les liens qui concernent le militantisme), CHAQUE ressource qui passe sur les groupes de débats ou même dans mon fil d'actu, à stresser d'avoir plein d'onglets ouverts sur l'ordi avec des ressources importantes parce que j'ai du grooos retard de lecture, à m'en vouloir de pas lire chaque comm' sur les groupes militants et d'avoir du retard dans le transfert des posts du groupe de débats vers le groupe public (update : j’ai fini presque tous les onglets) Mais en fait, j'me rends compte que j'ai déjà ingurgité un sacré paquet d'info, et que bon j'ai ptet le droit de pas tout lire, pas tout voir, pas tout écouter, pas tout savoir J'ai ptet le droit de me reposer, de pas être parfait, de prendre mon temps parfois J'ai ptet le droit de pas me flinguer totalement, même si des gens souffrent partout et que je pourrais faire plus pour aider, pour changer le monde Et en fait, peut-être que je fais du bon taff quand même, globalement 5 août. Donc cette nuit, j'ai rêvé : -que j'étais autiste (oui bon ok j'le suis mais chut on le savait pas quand j'avais école) et que j'avais une AVS qui débarquait en plein cours de sport alors que j'étais tétanisé roulé en boule au sol dans ce que je croyais être un couloir vide mais qui était en fait un vestiaire blindé de mecs inconnus QUASI A POIL parce qu'une autre classe était arrivée entre-temps du coup j'ai très vite refermé les yeux et roulé un peu plus loin mais ils étaient partout -que j'attrapais des oignons très très germés à pleine main (gauche), c'était très très doux d'ailleurs je recommande (l'oignon qui germe sous mes yeux dans la cuisine depuis genre un mois est manifestement une inspiration) -que je tentais d'adopter un lapin, dans une boulangerie (c'est pas la première fois), et que c'était très galère parce que les gens de la boulangerie retrouvaient pas la cage à fournir -que j'étais en vacances dans la maison de montagne de l'amie de jeunesse de ma mère et qu'en partant en stop avec ma panthère en peluche qui fait ma taille je demandais à la dame de là où je venais de manger si elle pouvait garder mes quelques sacs en trop le temps que l'amie de ma mère vienne les chercher parce qu'elle habitait juste au-dessus, puis j'ai demandé à d'autres potes de ma mère qui étaient par hasard dans le même endroit de mangeage, parce que mi je devais vraiment me grouiller parce que j'avais une heure de route et il était tard mais il avait plu à verse toute la journée (et ma MERE m'avait emmené en vacances avec elle en voiture mais elle était partie sans me déposer là où je devais aller) Sérieux, ma famille s'incruste beaucoup trop dans mes rêves en ce moment J'veux dire, cette nuit c'était ma mère, la nuit dernière ma grand-mère paternelle, celle d'avant mon père et mon frère... Ok je saurais pas dire si c'est toutes les nuits en vrai j'ai aucune notion du temps, mais c'est hyper récurrent en ce moment j'en peux plus. J'ai pas besoin que ma famille toxique s'incruste dans mes rêves Pis en plus, je les bute même pas à chaque fois ! Des fois j'les frappe juste, et y a même des fois où je leur fais rien ! Honteux ! Scandaleux ! 7 août. Y a un truc qui me gave (ouais encore un) T'sais quand les gens sortent des trucs en mode "haha les gens qui font ça sont trop dans la banalité, aucune personnalité" Genre tu peux avoir toute la personnalité et l'originalité du monde, si t'aimes Nirvana ou les frites au ketchup ça vaut que dalle on dirait ? Tu peux être queer af et metalleuxe et anar et féministe, si t'aimes les photos de chatons ou les pandas roux t'es comme tout le monde ? Au-delà du ridicule de ce postulat (et que sérieux les critères varient d'une personne à l'autre), y a rien de mal en soi à être banal-e, "comme tout le monde", ou autres, et ça signifie pas que t'as pas de personnalité. Dit comme ça ça a l'air de rien, mais en fait, perso j'ai passé quasi toute ma vie à culpabiliser de pas réussir à être "normal", des années à me faire insulter pour ça, on m'a accusé de "creuser la différence" précisément quand je cherchais à me fondre dans la masse, de "forcer" précisément quand je cherchais à me couler dans le moule. Et par des gens qui pensaient probablement pas mal faire (pour la plupart), qui croyaient vraiment ce qu'iels disaient et qui pensaient le dire pour le mieux, peut-être même pour mon bien. Je suis pas un cas isolé pour ça, je sais. Mais du coup, très tôt j'ai aussi eu envie de revendiquer cette différence, pour me sentir vivant, pour me sentir important, pour croire que j'avais ptet une raison de vivre. Donc j'avais les deux qui bataillaient : tenter de faire comme les autres pour pas me faire remarquer, tout en étant moi à l'intérieur et là où les autres n'étaient pas (donc dans la majeure partie de mon existence). Crier haut et fort que j'étais pas tel truc, parce que je voulais pas passer pour... ben pour je sais pas quoi, tout en restant bien caché pour pas être pris pour je sais pas quoi d'autre. Sérieux, c'est galère, surtout quand tu captes pas ce qui est socialement acceptable ou non, socialement positif ou non etc. Quand t'as aucune idée des codes sociaux et que t'es en totale roue libre, largué dans un monde "réel" qui semble bien moins logique et réel que ton monde à toi. Bref. Donc déjà, je sais pas qui je suis. Foncièrement, j'en ai aucune idée, parce que j'ai appris à être un caméléon (mais complètement n'importe comment : quand je me crois invisible on voit que moi, quand je me crois repérable on me remarque pas), à oublier ce que j'étais pour pouvoir exister. Même : j'ai pas pu me construire, trop occupé à construire une image pour survivre. Mais au-delà de ça, je suis terrorisé à l'idée de... bon, de décevoir, d'être abandonné etc. Et de pas avoir l'air de ce que je crois. Terrorisé à l'idée d'être bizarre pour les gens normaux, ou d'être "trop normal" pour les gens que je fréquente. Du coup, une peur panique d'annuler toute ma personnalité et toutes mes originalités juste pour un faux pas, juste pour un détail conforme à la norme. Je sais même plus pourquoi j'ai commencé à écrire ça, mais juste, en conclusion : évite de taxer une personne de "banale" pour un seul élément, ou de présenter une chose comme le summum de la norme, évite de te moquer des petits plaisirs des gens même si ça te semble anodin, et laisse les gens être elleux-mêmes, parce que ça peut faire trop de dégâts pour des trucs qui semblent minimes. 10 août.