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PUNK STUPID PUNK, punkage n°11 : les Crêtes Brûlées (Crête 1 et Crête 2)

leoapwal69

Heureusement qu’on était trop occupés avec un papillon de nuit, c'est plus simple la vie avec un papillon de nuit.


Alors ! Commençons par le commencement. Ou pas, j’ai pas la notion de l’ordre. Toute la semaine, j’ai été excité comme une puce, j’ai tout tenté pour me retenir mais j’ai fini par craquer : on a pris des places pour un p’tit fest dans l’Doubs, pour aller voir les Crêtes Brûlées samedi. Alors bon je sais, j’ai dit en juin je fais absolument rien je me repose parce que je frôle encore le burn-out, je sais. Mais un concert punk, ça compte comme du repos, nan ?

Samedi matin j’me réveille à cinq heures cinquante, je me recouche pour tenter de me rendormir mais j’arrive à peine à somnoler vaguement. Sept heures, j’abandonne et je me lève pour coudre pendant une heure. J’me dis, si j’arrive à finir mon patch «Bones» c’est pratique, j’aime bien avoir mon nom sur mes fringues, pas ma faute si j’en fais collection (de noms, pas de fringues). Huit heures trente, faut que j’arrête la couture c’est l’heure de partir. J’arrive à Saint-Amour un poil avant midi, c’est marrant c’est aussi la ville dont je suis parti pour taper le stop jusqu’en Allemagne en novembre, pis c’est un joli nom. Rien que le trajet en voiture de genre une demi-heure, c’est le chaos total, imagine deux TDAH dans un trench-coat en forme de bagnole bordel. Et manger c’est un calvaire j’ai trop pas la tête à ça mais si j’mange pas j’vais faire un malaise (souviens-toi bien de cette phrase), donc bon voilà j’mange un peu de riz et du jus de fruits. Le jus c’est la survie. Et on décolle vers quatorze heures, pour un concert indiqué à dix-huit heures si j’ai bien lu. Fin c’est indiqué vendredi et samedi de dix-huit heures à deux heures trente, j’en déduis que les horaires changent pas. On s’arrête sur la route voir des copaines, je suis surexcité c’est un enfer, vraiment ne plus être en dépression ça réveille le TDAH sévère. Léger soupçon d’hypomanie mais écoute on kiffe la vie.

Pis voilà, on arrive au village du fest, on trouve pas le parking en suivant les panneaux alors j’me change de calbute entre deux champs, ouais j’ai des calbutes confortables pour faire un trajet et d’autres confortables pour faire un concert cherche pas. D’ailleurs y m’en faut de nouveaux, les miens commencent à décéder, mais j’suis tatillon sur les caleçons… Bref. On va pour entrer parce que trop envie de pisser, sauf que toute sortie est définitive et y a un parking plus près, alors on retourne boire du jus avant d’entrer. Les gens de l’accueil me demandent (oui bah je suis pas parti garer la voiture j’ai pas le permis t’as cru donc je suis solo là) pour qui on vient alors j’dis bah les Crêtes Brûlées hein, j’les ai vus y a un mois à l’Arsenal et c’est trop cool vas-y j’reviens, quand j’précise d’où j’arrive ça leur fait plaisir, oui j’ai potentiellement fait quatre heures de route pour venir ça va hein y avait des détours c’est pas quatre heures à vol d’oiseau pis y avait l’attente à la gare et le changement de train et tout. Comment ça ça n’arrange pas mon cas ? J’aime les punks est-ce ma faute ?

Et donc bref une fois sorti des chiottes ma pote me rejoint, pis moi j’ai envoyé en arrivant un message à copain du groupe (j’te dis pas lequel des deux pour faire genre je laisse planer le mystère de avec qui j’suis devenu pote mais bon ça va vite s’arranger) pour dire que voilà on est là. Et donc on est là. Et on se vautre sur les canap’ parce que c’est un festoche à canap’ ce qui est formidable parce que ce qui manque dans tous les fest c’est des endroits confortables où me vautrer, en cas de fatigue, de malaise, de panique, de douleurs, ou de eh viens on s’pose pour bavarder. Et je sais plus mais c’est déjà et encore le chaos, on est intenables enfin surtout moi ce qui est paradoxal vu à quel point j’me fais tenir genre dans les bras t’as vu. Pis là du coup y a copain qui nous rejoint, et donc j’me lève. Enfin je tente. Parce qu’en réalité ma tentative de levage se solde par une chute, j’veux dire je suis vraiment pas conçu pour les mouvements simples de la vie genre me lever d’un canapé, nan moi c’est plus simple de prendre appui sur le bord et de balancer tout mon corps à l’envers au-dessus du dossier, ça j’me vautre pas, mais descendre normalement de ce truc, là je trébuche. Bordel. Useless à quel point à la fin. Bref câlin de bonjour donc, enfin c’est pas le câlin qu’est bref mais bref, et là la personne de l’accueil qui passait par là nous lâche un «ah mais vous vous connaissez en fait» sauf que perso j’ai la tronche dans un pote, euh dans un câlin, et j’suis un peu plus intéressé par la conversation que par dire «oui alors oui en fait c’est une histoire amusante à cause de mon culot et de ma pote qui m’a zéro retenu mais j’me voyais mal dire ‘on est là pour voir les copaing’ parce que bon j’ai trop d’insécurités pour savoir si les gens sont mes potes en général mais du coup au pire demande-lui à lui si on s’connaît et si on est potes moi j’vais juste continuer à être stupide et useless bsx» (souviens-toi aussi de cette phrase, ça va s’arranger, des fois les gens sont trop clair-es pour que je doute).

Alors là je vais avoir un peu de mal à te raconter parce que comme d’hab à partir du moment où l’action commence je perds la tête, et après avoir passé toute la journée en surexcitation et là il est même pas dix-huit heures, bon, mon cerveau il a lâché l’affaire depuis longtemps. J’ai préféré le vivre que le raconter, encore. Ça devient une habitude, c’qui est étrange parce que moi normalement je vis perpétuellement dans le passé ou le futur mais quasi jamais dans le présent, et j’ai l’impression que depuis ma sortie de dépression je découvre le présent, c’est très étrange. Et le futur comme une réalité probable, pas comme des plans sur la comète parce que toute façon je serai mort avant, nan là j’ai prévu de ne pas mourir cette année déjà.

Ce que je sais, c’est que je lui ai demandé sa main (euh attends cette formulation est pas, ouais bon bref t’as compris) pour y mettre des pyro’, évidemment, parce que eh c’est ce que je fais dans la vie, oh et cette fois j’ai pas fui en courant ! Donc, pyro’ pour lui, et pour la seconde Crête (l’anonymat c’est important ok), et aussi pour quelqu’un d’autre, et j’en aurais bien fait une pour encore quelqu’un d’autre mais j’étais pas sûr de l’orthographe de son prénom, et je pouvais pas demander à copainpunk parce que ç’aurait un peu pété la surprise de eh j’t’ai pyro des trucs regarde c’est si fin c’est terrible j’ai prévu de détruire le monde. Mais du coup il me refait un câlin parce que euh je crois c’est ce que font les gens quand on leur offre un truc, et il file récupérer son pote, et ils reviennent à deux, et bam câlin encore parce que eh j’aime les câlins j’aime les punks et bon hein voilà.

J’sais pas comment formuler les choses parce que même si j’ai pas prévu de poster ce punkage (je l’ai carrément appelé «punkage hors-série») bah euh j’sais pas j’le ferai p’t-êt’ un jour et j’ai un peu peur qu’ils tombent dessus et se disent que woh j’suis trop bizarre à bien les aimer et à vouloir leur faire des câlins, sauf qu’en vrai j’aurais eu peur de ça si j’avais écrit tout ça avant le concert peut-être mais là en vrai c’est bon, en vrai je sais très bien j’ai peur de juste être encore hypé vachement plusse que les personnes en face parce que je m’emballe toujours trop, mais en vrai j’crois y savent très bien c’que j’pense d’eux, rapport au fait que je leur ai quasiment tout dit vingt fois. Du coup ça va. Mais bon, mon trouble anxieux va bien, donc j’ai quand même peur un peu, qu’ils découvrent les quelques mots que j’dis pas. T’inquiète c’est quasiment rien, donc pour moi c’est une montagne. C’est juste une histoire de confiance. Sûrement ils savent déjà, ce serait logique non ?

Bien sûr à ce stade je suis une pile électrique qui déborde de partout et je dis tout ce qui me passe par la tête ce qui est extrêmement dangereux, mais tranquille les trois personnes avec moi aussi. C’est trop bien d’être avec des punks et de pas être bizarre même quand tu passes en koalabdos ou quand quelqu’un que je ne citerai pas fout du liquide à bulles sur son PIF et que ça marche même pas mais ça dégouline ou quand tout là merde c’est trop bien j’suis bien. Si y avait pas eu un public de festival autour, bon déjà j’aurais sûrement été apwal (apwal c’est en calbute, pour les trois dans l’fond qu’ont pas vécu la période Leo Apwal), mais surtout j’aurais juste eu la vibe des soirées entre potes comme d’hab, même si bon est-ce que quand le soleil te fracasse la yeule ça s’appelle encore une soirée, moi j’aime les soirées entre potes qui commencent à sept heures du matin, un jour j’organiserai un festival non-fumeur sans alcool avec canap’ et poufs et plaids partout et qui commencera à sept heures du matin et on finira entre dix-huit et vingt heures comme ça je meurs pas. Mais bon là quand même, y a des gens autour, mais aussi les gars avec qui je déconne vont monter sur scène dans genre du temps, enfin pas réellement monter vu que techniquement leur scène est au niveau du sol mais entrer en scène quoi voilà, du coup j’ai un peu peur que les festivalièr-es me repèrent, mais j’crois t’façon avec ma tronche mes fringues ma façon de gueuler et de bouger et bien sûr mes pieds nus ce serait dur de me louper. Du coup j’me laisse pas complètement aller, mais franchement aussi d’un côté j’en ai rien à foutre de ce que pensent les autres.

Y a tellement de trucs à raconter et j’ai tellement pas envie de me casser le cul à me péter le crâne pour savoir dans quel ordre ou quoi qu’on s’est dit dis donc ou tout ça, toute façon tu vois bien à quoi ça ressemble des punks en train de punker ensemble, bah voilà, là c’est tout pareil, sauf que comme c’est un fest de ska avec un groupe de punks bah y a vachement moins de punks au mètre carré que le mois dernier du coup c’est compliqué de respirer. Pis c’est beau les punks aussi, ça aide pas à respirer, et se marrer, et p’t-êt’ j’ai plus trop l’habitude de porter un débardeur qui me tient, trop d’années sans fringues hein, bref respirer c’est pour les autres. Ah oui j’ai sorti mes nez de clown, sache que sur l’oreille c’est pas pratique c’est comme entendre la mer mais en pas pareil du coup je comprends plus rien du coup j’enlève. Et on avait des trucs à bulles mais ça j’ai déjà dit, et donc on a bullé quoi. Après y a les gens du stand de crêpes qu’ont offert aux Crêtes Brûlées des crêpes brûlées mais bonnes quand même, comme eux finalement, j’ai toujours aimé les trucs cramés tu sais. Attends j’dis ça n’importe comment, moi j’ai pas goûté les crêpes hein c’est les Crêtes qu’ont dit qu’elles étaient bonnes, enfin j’en ai mangé une plus tard dans la soirée pour différer le malaise mais elle était pas brûlée.

Pis y a les stickers qu’ont débarqué, enfin un des punks nous en a filé, et moi bah forcément j’ai voulu m’y foutre sur la gueule, sauf que j’ai hésité parce que cheveux et barbe et rouflaquettes (non en réalité j’ai des favoris et même askip c’est pas des vrais si on a du poil au menton mais j’en ai rien à battre j’adore le mot rouflaquettes) donc je finis par avoir une idée de génie et opter pour le collage de sticker sur le bide juste au-dessus de mon tatouage, j’ai galéré à enlever le papier protecteur par contre donc punk a dû le faire pour moi, bon là chez moi j’ai fini par comprendre le procédé et en effet tout comme il a dit y suffit d’appuyer un peu plus pour faire craquer le truc du milieu mais j’ai pas pu mettre sur mon merveilleux congel parce que y a plus de place en haut et j’vais quand même pas mettre les Crêtes en bas mais bon j’trouverai une solution t’en fais pas, celui de mon bide est désormais sur la porte et les autres sur mon carnet à chansons et ma pochette. Je disais quoi moi déjà ?

Ah pis là je pense c’est le moment où les Crêtes partent manger avec les autres groupes, enfin non en réalité avant y a eu le petit interlude avec la confiance mais alors ça si tu savais comme je suis mort. Ou c’était peut-être après leur repas. Bref nous on sieste sur un canap’, quelqu’un nous dit que c’est pas le moment de faire la sieste et moi chu en mode bah si justement c’est pile le bon moment parce que j’veux être en forme pour le concert, alors on chante doucement à deux en attendant parce que c’est ce qui me fait vivre. Je sais plus trop quoi qu’y a eu dans ma bouche à part Je suis fils, ça j’le sais parce que après y a eu dans le concert et j’étais trop content.

En fait le concert commence à vingt heures et les Crêtes Brûlées font trois interscènes de trente minutes, donc voilà, vingt heures, les gars clownent comme dans la vie finalement, puis parviennent à leur scène, et ça commence. Tu veux des mots ? C’était trop bien. Voilà. C’était du punk acoustique jovial et caramélisé au piment d’espièglette. Eh y savent très bien se définir pourquoi je ferais autrement ? Non j’pense quand même faut ajouter que c’était archi rapide parfois, mais ça tu sais, si t’as déjà écouté ou assisté aux concerts tu sais que on voit pas leurs mains et que y a des cordes qui s’pètent. N’empêche que pour la première interscène (qu’était pas une interscène du coup vu que c’est l’ouverture des concerts, bon bref) on était nous deux tout devant et tout le monde était plus loin mais j’allais pas reculer avec les autres attends j’étais trop bien là. Non mais voilà j’kiffe leur musique leur énergie leurs tronches leurs clowneries leur tout quoi merde. Y a des moments où y sont venus vers nous, des où y se sont roulés par terre, classique quoi. La chanson Je suis fils, trop bien j’ai chanté avec un grand sourire et l’bonheur au coeur. Et à la fin du set, punk lâche un «et comme l’a dit un grand sage, comment avez-vous trouvé votre steak, par hasard sous une frite» (c’est ma blague préférée au monde j’te jure, bon en vrai il a oublié de dire par hasard, mais ça n’a pas d’importance dans ce contexte), je suis désormais ironiquement canonisé grand sage, prends-toi ça.

Après on va kiffer le premier groupe de ska, ils sont vraiment bons c’est terrible, et la voix du gars je meurs hein. Je sais pas trop quoi te dire parce que voilà raconter un concert c’est complexe surtout la partie où des gens chantent et jouent, moi j’suis là pour les trucs à côté. Pour te les raconter j’veux dire. C’est marrant y a copainpunk y danse comme moi (mais en bien) alors que copainpunk pour l’instant y danse pas, mais du coup bah j’ai pas peur de danser à côté. Y a un moment où y vont faire je sais pas quoi ailleurs, je reste un peu solo dans la foule, ça va, et subitement je me prends un photographe dans le dos ou le bide bref un contact humain donc paf j’me souviens que j’ai peur des gens et je vais me réfugier entre les jambes de ma punk. Pis quand les punks reviennent je retourne danser avec, et j’raconte le photographe, et punk tout compatissant qui va pour me mettre la main de la sollicitude sur l’épaule, mais comme je viens de répéter que j’aime pas qu’on me touche bah il la pose pas, c’est trop chou je tiens à le dire, mais bon du coup plus tard je leur précise que c’est valable pour les inconnu-es mais eux c’est trop tard y sont dans le groupe «potes» donc y peuvent me toucher, mais aussi dès le début j’ai expliqué que quand j’ai tenté de lister les contacts ok et pas ok bah la conclusion c’est que s’tu m’frappes c’est bon, le reste c’est sujet à caution. (Pas taper n’importe comment, mais ça si tu veux l’info précise tu viens me demander (j’ai fait des tableaux) parce que bon dans l’hypothèse où je posterais ça sur mon blog, je vais pas détailler en public quelles façon de me frapper sont ok ou non. S’tu m’connais pas tu m’touches pas, si j’t’aime pas tu m’touches pas.)

Y a aussi le moment où une meuf me parle, elle est cool et tout mais en mode daronne et j’sais pas j’ai peur des parents t’sais j’me sens toujours obligé de, sauf qu’à un moment elle pose une question jui dis mais c’est bizarre et gênant comme question è m’dit c’est mon mari qui s’demandait mais meuf c’est pas mieux c’est juste gênant et bizarre, mais elle insiste elle continue sur sa lancée et moi j’sais pas dire lâche-moi le cul, déjà dire que c’est gênant et bizarre c’est mon max, sauf que j’arrive pas non plus à choper punk pour lui dire euh help je souhaite quitter cette interaction j’ai besoin d’aide. Du coup je fais quoi ? Eh bien j’agis en humain adulte parfaitement normal : je me planque derrière lui avec mon sourire gêné qui veut pas m’quitter, et quand elle fait le tour de lui pour me parler encore bah jui tourne autour hein. Et y lui parle mais j’écoute pas parce que franchement j’ai pas besoin de savoir c’que tu lui dis je sais que j’suis d’accord et j’veux pas savoir ce qu’elle dit. Puis je fuis me réfugier entre les jambes de ma pote, et la meuf au bout d’un moment vient s’excuser et dire que c’était pas méchant, j’dis j’sais bien t’inquiète mais juste quand je dis c’est gênant on arrête et on change de sujet et c’est cool. Pis une fois que j’arrive à me relever, je vais voir punk pour m’excuser de m’être planqué derrière lui comme ça sans prévenir et il dit t’inquiète. Pis aussi le moment où deux lesbiennes potent avec nous, décidément ma gueule doit leur revenir ça fait trois concerts d’affilée que des lesbiennes décident de me poter, ça me va. Bon là elles attendent de moi que j’sois à fond tout du long, sauf que mon énergie bah elle varie, surtout quand c’est pas les copains sur scène pour me dynamiser la yeule. Pas le courage de taper le couplet sur les handicaps, donc tant pis j’vais juste ventoliner.

Nouvelle salve de Crêtes Brûlées, j’suis toujours au top, enfin non en vrai je viens de frôler le malaise donc j’ai mangé une crêpe et cessé de respirer, pas cessé de bouger parce que bon fallait autister et s’balancer sinon crise d’angoisse. Ou alors ça c’était après ? Je sais plus, j’me repère à la lumière et à la pluie. Ah ouais donc oui c’était là. Bref. J’suis au top pour leur musique t’inquiète, c’est punchy ça me redonne de l’énergie et y a rien qui peut m’coucher pendant un concert de punk. (En vrai si, y a probablement plein de trucs, déjà parce que je finis régulièrement au sol dans la vie, mais y a rien qui m’empêchera de sauter en l’air, même au sol, genre à l’Arsenal quand Joey Glüten est venu jouer avec les Crêtes Brûlées et qu’y z’ont fini sur Vive le feu, t’inquiète j’ai sauté en l’air au sol, j’avais les guiboles qui secouaient les pieds sous le caisson d’basse dans le plus grand des calmes.) Hop hop ça saute ça bouge ça fait des trucs et accessoirement ça musique à fond j’aime trop y sont si beaux avec leurs grimaces. J’crois j’ai failli faire un pogo solo tout du long, mais ça va y a punk qui me met des coups d’poing dans l’dos des fois. Et encore une fois je peux pas te parler de la musique parce que les gars sont bons (nan, excellents) mais ça tu l’sais j’le sais tout l’monde le sait, eux y disent c’est parce que c’est mon métier, bah t’es bon dans ton métier j’y peux rien moi. Fin voilà je sais pas quoi t’écrire sur leur musique parce que c’est plutôt un truc qui s’écoute (leur musique comme c’que j’ai à en dire). Donc va écouter les Crêtes Brûlées. Et Joey Glüten / Mégadef, et Matheo, et Excellento, et Resto Basket, et King Kong Meuf, et Trholz, et Poézie Zéro, et… Ouais bon va écouter du punk. (Oui j’ai abandonné d’écrire Poésie Zéro correctement, j’me goure à tous les coups donc Z partout justice nulle part. Un jour j’te ferai un powerpoint.)

Là j’commence à plus très bien tenir debout, j’ai la nausée ça devient vraiment rude, ça commence à se voir aussi. Du coup je sais pas trop si j’ai assisté au début du groupe suivant ou pas, mais après punk m’emmène au calme dans les loges pour respirer un peu, et franchement heureusement parce que quand les gens sont pas en écrasante majorité des punks bah je suis autiste en fait, et par «écrasante majorité» j’entends littéralement ça t’sais les punks qui se sautent dessus et pogotent et s’écrasent et s’câlinent et s’serrent de toutes les manières. Du coup eh, moitié mort mais la bouche encore trop là, je papote je papote, fin on papote du coup parce que c’est pas comme si j’avais monologué on a une conversation, et tu vois j’savais déjà mais ça confirme, donc voilà j’ai poté avec et c’était cool. Tu vois j’t’avais dit le «eh j’vais pas te dire avec lequel des deux je pote» ça s’est arrangé : c’est bon c’est les deux ils sont adorables et cool et voilà. Et moi j’ai dans la main le badge artiste de punk parce que comme ça j’ai le droit d’être là. Presque comme si j’étais un artiste.

On revient dans l’game avant la fin de l’autre groupe, c’est archi bon aussi mais eh j’connais ni les chansons ni les musiciens et c’est du ska donc j’kiffe mais j’me déchaîne pas donc même si mon malaise s’est calmé bah je sens que ça va redémarrer dans pas si longtemps. Mais la musique est bonne alors j’rebondis, j’sais c’est pas raisonnable j’devrais me contenter de bouger sans décoller les pieds du sol plutôt que de secouer la bouteille, sauf que je suis moi, c’est-à-dire, con.

En plein sautillage de tout le monde, je vois punk s’accroupir subitement et trifouiller le sol, ça m’intrigue, alors je fais pareil, et en fait il tente de sauver un papillon de nuit un peu suicidaire qui refuse de s’éloigner de là où ça tape du pied, on passe plusieurs minutes à tenter de le ramasser, et vraiment on est là deux abrutis accroupis contre la barrière à vouloir mettre en sûreté un insecte récalcitrant, c'est chou. Pis on s’relève, et là y a tout le monde qu’est en plein slow, je capte que j’ai bien entendu quelqu’un sur scène répéter «on fait la valse de l’amour» et tout, j’regarde punk jui fais «ok on cligne des yeux et tout le monde part en valse», en vrai j’ai failli lui proposer de faire pareil parce que déjà voilà c'est fun mais aussi j’me sens bizarre à être pas en train de slower comme les autres, mais bon p’t-être c’est bizarre de faire à quelqu’un «on danse ?» j’ai jamais fait ça moi et la dernière fois qu’on m’a proposé j’ai fait genre eh regarde comment j’suis fort j’arrive à me relever seul sans ta main, tout ça parce que j’avais un crush donc peur de le déranger en prenant la main qu’il me tendait. J’ai déjà dit que j’suis uselessement stupide ? Bref les couples se séparent après une minute de plus. J’crois si on avait pas été tous les deux au sol quand le gars a parlé bah j’aurais demandé, parce que par contre j’aurais pas tenu plusieurs minutes au milieu de tout le monde qui danse à deux hein. Et aussi parce que, franchement, ces deux punks, j’suis sûr ils sont agréables à danser avec, et pis d’ailleurs celui qu’était pas par terre bah il valsait à fond avec un grand gaillard c’était chou.

Ventoline dans la poche et pas d’micro dans la main (scandale), c’est parti pour le troisième set de punk vénèr’. Là je sais que c’est le dernier, et d’un côté j’ai envie que ça dure des heures, d’un autre côté j’me dis heureusement que y en a pas après parce que pas sûr de tenir la durée, ma nausée s’est fâchée je croise les doigts pour ne pas vomir mais encore une fois pas sûr de tenir, j’ai les jambes comme des haricots enfin flageolantes quoi, j’respire à peine, j’ai les yeux éclatés et mal partout. Ah t’inquiète j’kiffe mon moment quand même, un malaise ça m’empêche pas de gueuler les paroles que j’connais et de danser tout c’que j’ai (c’est-à-dire plus grand-chose à c’t’heure), et j’souris en plus, enfin quand j’suis pas plié en deux ou recroquevillé accroupi sous la salopette de ma punk. Je peux pas te dire combien de fois j’ai failli gerber. J’te jure ça devrait être un enfer mais je m’en fous je kiffe la musique et les gars sont à fond et le public aussi il est hors de question que j’me calme, ma santé elle attendra. Oui je sais punk a dit de prendre soin de moi, bah punker ça compte, et j’me reposerai quand ils auront fini. Mais j’me ramollis quand même, je fonds petit à petit, je finis à danser en équilibre contre punk, tellement à deux doigts de juste m’écrouler. Je sais pas d’où je sors encore un regain d’énergie quand ça part sur Vive le feu, mais j’donne tout c’qu’il me reste. Et j’comprends que si à l’Arsenal ç’avait pas été à la fin du troisième jour de fest, j’aurais sauté en l’air avec ma pote (pas la même, ouais j’ai plusieurs potes tu vas faire quoi).

Les gars achèvent sur des remerciements à tout le monde, l’orga du fest, la maire qu’est là, les bénévoles, je sais plus qui d’autre, et puis merci au public, et là. Là, bah punk lâche un «et merci à Bones et [l’anonymat tu connais mais bref ma pote] c’est les copaines de fou». Alors ouais je sais, mes insécurités, mes incertitudes, mon incompréhension de l’amitié, des conventions sociales, des relations humaines, et tout ce qu’on veut. Mais là, bah le gars dit juste très clairement qu’on est potes. Du coup, bah même si j’pourrai jamais m’empêcher d’avoir des insécurités et d’me poser des questions, là j’me pose pas la question : c’est pas que moi qui suis pote, on est potes ensemble, ça va dans les deux sens. J’te jure j’ai pas les mots moi pour ces gars qui osent être potes avec moi même sur scène. Et en même temps c’est logique hein, mais j’ai toujours peur qu’mes potes aient honte de moi, même celleux qui sont là d’puis deux, cinq, sept, dix ou quinze ans. Alors un mois, ça suffit pas à m’effacer tous mes doutes, tu te doutes bien. Mais j’vais tellement mieux maintenant, que j’crois j’arrive à gérer le truc, pour les ancien-nes comme pour celleux qu’arrivent. Mais y a un côté plus simple avec les récent-es, parce qu’iels se traînent pas toutes les années où j’me sentais juste comme un boulet et où j’comprenais pas qu’on puisse être pote avec moi et où j’étais persuadé que les gens restaient juste par pitié. Là j’me dis, ouais perso j’aurais plutôt envie d’être mon pote, du coup ça m’semble pas si absurde que d’autres gens en aient envie (failli dire «s’en satisfassent» mais en vrai, nan, plus fort que ça).

Et donc voilà, la dernière chanson s’est achevée y a genre une minute, lorsque subitement, je m’écroule enfin, et m’agrippe aux crocs (les godasses pas les dents) de ma punk. Pis je l’appelle à l’aide en tapant sa jambe. Y faut me sortir de là je vais gerber. Alors y me portent vers les chiottes, et puis en sens inverse jusqu’aux loges, j’suis la princesse du vomi. (En vrai j’ai pas vomi, c’est passé à deux doigts (deux doigts mdlol) et pas qu’une fois mais y a que d’la salive qu’est sortie.) Y a une infirmière psy-maire qui nous accompagne pour me faire reprendre ma respiration, j’reste allongé sur le carrelage de la loge des gars. Je peux même pas te dire exactement qui est là, je sais qu’à un moment y a un seul des punks, à un autre y a les deux, et euh voilà. Mais ça se calme petit à petit, on passe la barre de danger, j’suis juste pas bien, mais j’souris et j’fais des blagues, parce que t’façon même le jour de ma mort j’crèverai en blaguant. Punk me ramène des frites parce que askip un peu de riz le midi et une crêpe et quelques bouchées d’apéro et un sirop de pêche ça suffit pas pour une journée, même si t’inquiète y a eu du jus aussi. Décidément les frites c’est sexy moi j’te l’dis. Bon j’mange pas vite et en vrai j’crois qu’à la fin j’ai à peine englouti la moitié du cornet, mais ça compte.

Et voilà ça part en soirée entre potes dans les loges à quatre avec moi qui oscille entre malaise et éclats de rire. Punk sait plus s’il est gaucher ou droitier, en tout cas il est musclé des bras à force de bourriner cette guitare (pas sûr que ça vienne que de la guitare c'est un sportif). D’un coup on s’dit, tiens et si on mettait un pull sur le Bones sauvage, du coup punk me file le pull de punk, bon j’enlève ma battle jacket avant de l’enfiler (le pull, pas le punk) parce que le but c’est pas de flinguer les fringues des copains j’veux pas y faire des trous, par contre pour la sueur j’pourrai rien. Canon c’pull en plus, bon trop grand pour moi évidemment mais j’remonte mes manches, «tes manches ?» propriété d’usage écoute. On vit notre meilleure vie de punks stupides et sans barrières parce qu’il est beaucoup trop tard pour ça, ah ouais ils ont fini leur concert avant une heure du matin mais bah j’ai continué mon malaise encore longtemps et maintenant à force de papoter bah on sort de là après quatre heures du mat’. Il se passe plein de trucs hein, c’est trop bien et trop marrant, pour survivre je chantonne La vie s’écoule la vie s’enfuit, y a aussi le moment (ptet au malaise précédent je sais plus) où punk dit «hâte de t’entendre chanter tes chansons» nan mais MEC mes chansons y en a genre dix à tout péter qu’ont une mélodie éclatée que j’sais en chanter que trois ou quatre, les autres c’est des textes que j’sais pas musiquer parce que j’suis toujours pas musicien. Mais c’est ma faute aussi, j’leur ai avoué tout fièrement que dans la voiture j’ai réussi à en chanter trois devant punk, alors que chanter mes chansons devant des gens j’croyais ça impossible. Ayez des punks, c’est fort pratique.

Voilà, j’vais pas te raconter les conversations mais il s’est passé plein de trucs et de rigodrôlitude et de ouais bref. On finit par partir, j’leur annonce que j’vais devoir les kidnapper jusqu’à la bagnole parce que mon pull est là-bas et vaut mieux pas que j’traverse en tee-shirt parce qu’à ce stade je sens tellement plus les températures que j’pourrais me transformer en glaçon sans même trembler. Mais juste avant de sortir, passage obligé : j’ai montré mon cul aux Crêtes. Fin mon calbute «super sexy», parce que comme j’en avais parlé, fallait bien que j’le montre. Ça faisait longtemps que j’avais pas montré mon cul, fin à des nouveaux gens, fin tu vois quoi. Ça veut dire j’redeviens un peu moi aussi, le moi d’avant. Ça a ses bons et ses mauvais côtés, mais j’crois maintenant j’accepte. Et puis on tente de moins brailler une fois qu’on est à côté de la caisse, parce que bon y a des gens qu’habitent là tout de même, mais j’avoue j’suis pas très doué pour être silencieux quand j’suis bourré (toujours sans alcool mais t’sais la fatigue). Et punk dit des fois j’viens sur Lyon j’te tiendrai au courant, et j’pense mon cerveau était trop déconnecté pour que j’dise mais les gars vous venez chez moi quand vous voulez, individuellement ou à deux, et j’viens quand vous voulez j’vous aime bien. Et punk dit j’ai pas répondu à ton message on était en Suisse mais j’répondrai. Oh et punk a des mains très petites comme moi !

Re des câlins dans tous les sens, y en a un qu’avait froid alors j’ai frotté son dos et ses bras vigoureusement, bizarrement c’est pas celui qu’avait pas de pull, mais bon les punks tu sais. On arrive chez punk à six heures du matin, du coup moi qui devais rentrer chez moi le lendemain du concert, bah nan j’ai dormi en fait, j’suis rentré lundi. On a profité du coma du dimanche pour faire un tour sur leur insta et leur page fb, y a des trucs terribles c’est formidable. J’ai tenu jusqu’à la maison sans vomir, je sais pas comment, j’me suis trompé de métro une seule fois, et j’me suis écroulé dans mon entrée comme d’hab. Là j’me rends compte que j’me sens seul et envie d’pleurer, donc mon cerveau malade se dit eh et si on retournait en concert. Frère tu viens de taper une soirée de malaise parce que t’as trop tiré sur la corde, punk il a dit repose-toi ton corps t’envoie des signaux prends soin de toi pauvre con et punk il a dit pareil (alors euh j’avoue aucun des deux punks ne m’a traité de pauvre con), alors non tu vas pas retourner en concert tout de suite. Attends le mois prochain pour te barrer au fin fond des Vosges avec ton pote et retourner voir les Crêtes Brûlées ouais. Le contrecoup hein. Mais t’inquiète, là ça fait deux jours que j’ai communiqué avec personne, je commence à survivre légèrement.

J’suis un très bon humain-sandwich, de dix-neuf heures à six heures j’avais ce putain de sticker sur le bide. Bones meilleure publicité ambulante, merci les tj parce que maintenant des punks en bénéficient. Très bon sandwich également que de danser entre ces deux punks, tu t’sens en sécurité. Bref, qu’on nous donne des sandwichs, gratos et délicieux.

Comme quoi, porter des sous-vêtements, ça rapporte des potes.

La nuit suivante, j’ai rêvé que j’allais à un concert des Crêtes Brûlées, et cette nuit je viens de rêver qu’on partait en Bretagne ensemble.

Et je vais réaliser mes rêves, en allant à des concerts et aussi en allant voir les punks en concert en Bretagne. Y m’faut ma dose de Crêtes que veux-tu.


Ma conclusion sera : j’ai failli choir.


19 juin 2024.



Deuxième partie : eh beh attends il y est retourné ce con.


Donc, le 13 y avait concert aussi. Mais j’me suis entraîné, j’suis allé à celui du 10. On va faire court.

Alors je vais avoir du mal à te raconter parce que : c’est les émotions. (Ah non pardon cette phrase viendra plus tard, mais écoute, y a des gens qui me foutent des émotions et après je pète mon crâne.) Mais du coup, le 10 avec mon amoureux on s’est tapé la motiv’ d’aller voir les Crêtes à Mâcon et c’était trop bien. (À l’heure où j'écris ces lignes on peut donc considérer que j’ai fait avec ma meuf et avec mon amoureux, joli score. Nan j’te dirai pas qui c’est qu’c’est qu’ces gens. L’anonymat est précisément le but de cette dénomination.) Bah du coup voilà tu vois bien que j’vais pas tout te raconter, mais quand même sache qu’on est des beaufs. Et donc on arrive en ville, personne change de trottoir c’est une rue piétonne, aussi on a repéré nos punks avant de poser la bagnole parce que bon y z’étaient occupés à dégouliner vers le sol, c’est repérable des punks. Ok j’me souviens pas de tout ça fait un mois eh. Et y s’en est passé des choses en un mois figure-toi. Mais ceci est un autre punkage, qui ne comporte pas que des Crêtes.

DONC. On s’dit bonjour sobrement (ça braille et ça saute et ça jsp punke), y en a qui font des balances pendant que j’regarde vu que j’suis pas ingé son figure-toi («pour l’instant», eh j’vais finir transformé en plein de choses fais gaffe), et pis on s’éclipse le temps d’enfiler des attelles et d’autres trucs moins bons pour la santé, quand subitement à notre retour on constate que ouais les gars ont commencé depuis cinq minutes, triste on a loupé le début tant pis. Donc voilà, concert devant un bar, c’est trop bien tu t’en doutes, les gars sont bons et y fait chaud et boh classique que veux-tu que j’te dise. Je suis nul pour raconter un concert, en fait nan j’le serais pas tant si j’disais tout ce qui me vient, sauf que pour ça faut qu’tu sois en face de moi et que j’puisse juste bavasser comme je fais quand y s’passe des trucs dans ma tête. Alors que là j’dois aligner des mots pour décrire un concept foncièrement pas descriptible tu vois, pour l’exercice y m’faudrait une chanson.

C’est rigolo c’est punchy c’est vibrant, j’crois ça pète pas de cordes pour une fois. Et pis punk a fini son verre d’eau faut lui en ramener un, on s’en charge t’inquiète, sauf que pour lui rendre j’essaie d’attirer son attention en pointant le verre plein du doigt, une jolie petite voix me dit que eh il verra quand il aura soif pour l’instant il est en pleine performance, mais punk me voit et j’y file son verre d’eau, na. (Wah j’raconte super mal la scène on dirait j’me fous d’ta gueule alors que pas du tout, genre t’avais raison dans l’idée sauf que c’est des ponks, y sont là pour jouer avec le public, et en l’occurrence le public c’est moi. Euh attends…) En vrai les gens restent calmes c’est étrange comme ambiance, p’t-êt’ c’est pas un bar punk. Y a juste une meuf qui vient s’ambiancer avec nous, non sans râler sur la placidité de ces culs qui n’remuent même pas sur les chaises, et après y a le frère de punk aussi, ça fait de nous les quatre personnes qui gigotent sur la musique. J’dis pas hein, le public a l’air de kiffer, mais sans les mouvements quoi. Aucun pogo en vue (tu m’diras, sur du punk acoustique, bien que jovial et caramélisé, les pogos sont finalement assez rares), ça s’dandine pas (remarque, j’en sais rien, je n’ai d’yeux que pour les gars et mon amoureux, le monde autour peut bien s’écrouler j’vois pas), ça braille même pas les paroles (peut-être parce que je suis le seul à connaître les chansons, en tout cas leur version quand c’est des reprises, jusqu’à l’arrivée du frangin du moins). Bref, on passe un bon moment.

Oui y a quand même l’épisode où la meuf me pose une question chelou, la même que la meuf de l’autre concert, j’fais la même réponse comme quoi c’est gênant et bizarre, elle me tient la jambe pareil, si elle avait vingt piges de plus j’me dirais que c’est la même meuf dans une autre tenue. Comme y a pas punk derrière qui me planquer, et que j’ai pas envie de toujours me planquer derrière les autres (et oui aussi que j’veux pas te déranger pendant que tu profites du concert des copains, écoute je suis teubé, bon peut-être aussi j’me serais pas réfugié derrière toi pareil j’me serais plutôt jeté dans tes bras et j’voulais pas te mettre mal à l’aise, ouais mon sens des priorités est fucké), je m’extirpe de la scène en sautant en l’air sur la musique qui m’fait trop kiffer, donc bon j’ignore la meuf et ses questions. Bon ma technique est pas encore au point, mais j’avoue j’ai pas tellement envie de la roder, parce que les questions et interactions gênantes ça va cinq minutes. (Spoiler : c’est pas fini en vrai, mais bon écoute on gère.)

Après, faut récupérer à manger, pis avec les gars on se faufile à l’étage du bar pour manger, eh regarde cette fois j’ai même pas fait de malaise (j’avais déjà fait celui du jour au réveil). Puis session enroulage de câbles, oui bon je suis occupé à papoter (pas dans le sens pas-poter hein, ça pote dur par ici) mais j’assiste à la fin, avec un semblant de bruine qui s’invite à la fête (avant-goût d’un prochain enroulage). Je ramasse un papier égaré venu polluer la rue piétonne, mais en fait c’est le line-up de concert, donc eh ça part pas à la poubelle j’le rends à punk. On s’apprête à boire un dernier verre, sauf qu’il se fait tard et c’est pas moi qui conduis, donc mon épuisement osef mais le tien pèse vachement plusse dans la balance. On monte donc simplement dire au revoir et bonne nuit, moi j’dis on s’revoit début août, mais punk qu’a mieux suivi me dit on s’voit dans trois jours nan ? Et en effet j’avais oublié qu’on était pas au concert du 13. Et le bug de cerveau me fait oublier ma main dans l’dos de punk. À dans trois jours, donc.


Trois jours plus tard (presque). Panique du matin, j’me réveille hélas seul mais bientôt on est deux à enchaîner les angoisses, c’est plus fun ensemble. Bien évidemment, on part en retard, bien évidemment on a des galères sur le chemin, bien évidemment on est des beaufs et il est hors de question que j’te raconte à quel point mais le volant a son rôle à jouer. On arrive donc au point de rendez-vous, les gars me récupèrent, bon j’avoue c’est p’t-êt’ un poil moins rapide que ça mais j’panique et j’essaie de tout faire vite donc j’crois j’dis même pas bonjour et je cours juste dans tous les sens, pas très efficace. Puis vient le moment de te dire au revoir, en extérieur en plus, j’aime pas ça tu sais j’ai jamais su partir (ceci est une ref, vu que moi obviously, tu sais j’fais que partir, mais là c’est un peu toi qui pars surtout, et ça j’ai jamais pu m’y faire (p’tain heureusement que j’compte pas poster ça, sinon tu risquerais d’finir par te rendre compte que j’t’aime bien)). Mais on s’revoit bientôt hein ?

Montage en bagnole. Y a du matos partout, j’pense à ce rythme j’en fais partie hein. J’me retrouve dans une story, pas prêt quand on m’parle j’réponds par un beuglement content. Y a des phrases dans cette story, comme par exemple «un invité clandestin» (c’est moi ça), ou «cheh / Chay», ou «les trajets en bagnole avec vous c’est infernal j’adore». Un nombre incalculable de contrepèteries et autres pétages de mon crâne plus tard, on arrive sur le lieu du fest. Là bon, fidèle à moi-même j’me fous en calbute sur le parking, eh ouais j’avais un short pour pas puer dans l’habitacle mais j’vais quand même pas m’ramener à un concert en short, en jupe j’veux bien mais en short ? J’enfile donc mon fidèle bermuda qui fait gling. Bienvenue dans les Vosges.

Je suis les gars qui vont se présenter à l’orga, puis l’orga qui nous présente le site, si tu savais comme j’me sens une fraude à m’faire saluer serrer la main par tout le monde là. Un coup, y a quelqu’un qui demande «vous êtes les Crêtes Brûlées» ou bref un truc de est-ce que j’en suis une aussi, du tac au tac j’réponds «ah euh nan moi j’suis juste de la déco», parce que ouais dans la famille Crêtes je suis le cheerleader. Les balances c’est cool, bon y a des gens qui viennent regarder ou dire des trucs et bref déconcentrer mais écoute. D’un coup les gars se foutent dos à l’endroit où y aura le public, face à leurs amplis, et donc à moi vautré dans le matos, et y disent on fait un concert privé pour Bones ça y est. J’ai même pas l’idée de sortir mon portable pour filmer. Eh, moi j’profite.

Pis subitement y a copain des Vosges qu’arrive, du coup j’y fonce dessus parce que c’est c’que j’fais dans la vie. J’le ramène aux punks, présentations (je suppose), on écoute les balances. Ma passion dans la vie. Me souviens pas trop de l’enchaînement, mais à un moment ou un autre le concert va commencer, ah oui nous on est posés dehors sous un barnum parce que la scène classique c’est pas pour ces deux clowns (j’aime ça si fort), et bref y en a un qui chope sa flûte et l’autre sa trompette, et ça part gambader dans la grande salle pour rameuter du monde, puis dans l’herbe, ça s’vautre un peu, j’ramasse les bouts qui tombent et les lunettes, y en a un qui colle son flûtiau dans la trompette de l’autre mais ça fait pas d’son, j’retourne la flûte pour que le bec soit dans la trompette, là ça y est ça sonne mais bon ça défonce les poumons du punk au passage. Et bim, et bim, le concert commence.

Ouverture du bal à cent à l’heure comme d’hab, ça sautille ça pétille, et moi j’gling aux premières loges. J’commence à connaître les paroles tu sais, et j’adore faire découvrir aux copaines. Encore une fois je sais pas quoi t’raconter faut le vivre, allez viens aux concerts. Bon y a le moment où une daronne fout sa main très près de mon torse en disant des trucs, j’ai trop peur qu’elle me touche sauf que je dois repousser sa main plusieurs fois avant qu’elle obtempère, pis je décide de l’ignorer pendant que copain lui dit des trucs pour qu’elle me lâche. Y en a aussi une qui vient me dire «eh pourquoi tu joues pas le truc jusqu’au bout, t’sais comme les meufs qui font de la danse orientale là avec leur jupe», bah p’t-êt’ parce que c’est pas moi ? Je la fuis aussi en me réfugiant dans la musique parce que c’est une de mes préférées en plus, hors de question que je la loupe à cause des conseils vestimentaires et dansables d’une inconnue.

Là punk s’apprête à entrer dans la salle, sauf qu’il a pas mis son bracelet de fest, donc j’le chope au vol pour lui rappeler de se braceletter, et là y dit «Bones t’es trop notre régisseur de tournée en fait», eh ça m’va. Je peux pas non plus te raconter les concerts des autres groupes, parce que quand même l’épuisement me guette déjà et je tiens plus debout donc je me pose en plein milieu (nan en vrai contre les barrières de la régie) et je souffre. Mais le son est cool hein, juste je vois que dalle, tant pis. Ce soir je ferai pas de malaise, j'ai la flemme. J’mange des boulettes vegan, c’est super bon même si j’peux pas goûter au hachis sin carne vu que les poivrons existent fort, et y a du jus de pomme au stand. La première fois, on y va à trois et la personne nous sert des verres on a l’impression c’est du foutage de gueule tellement y a rien dans le gobelet mais bon écoute, en fin de soirée j’vais me rattraper l’autre personne va me remplir mon verre à ras bord.

Les Crêtes font deux autres sets, c’est le feu évidemment, et d’ailleurs y chantent deux fois Vive le Feu (la première fois dès le premier set j’crois). Sauf que dans la voiture, quand j’parlais de l’épisode du verre d’eau pour vérifier que j’avais pas fait une connerie genre les déranger pendant qu’y sont sur scène, y me disent que nan c’est bon, et punk me dit «t’inquiète tu peux même venir chanter avec nous s’tu veux». Alors moi jui dis mais faut pas m’dire ça parce que maintenant que tu l’as dit ça peut arriver à tout moment et ce s’ra ta responsabilité. Arrive donc ce qui devait arriver : sur Cayenne, avant-dernière chanson, j’les rejoins parce que c’est trop j’peux pas me retenir. Y a déjà trois punks agglutinés sur le micro de punk, eux y s’posent pas la question de si y risquent de déranger, et d’abord pourquoi y sont tous sur le même micro ça mystère et boule de gomme, j’me cale donc très logiquement sur l’autre, ça tombe bien parce que j’suis pas très doué pour faire des choix donc hésiter entre les deux micros aurait grave pu m’empêcher de les rejoindre pour cause de bug de cerveau. Sauf que bon le micro de punk est vachement trop haut pour moi, d’ailleurs j’comprends pas il est pas si grand que ça si ses mains font la taille des miennes, mais bon qu’à cela ne tienne je pointedespiette et braille comme les autres, j’le vois sourire ça lui fait plaisir. C’est quand même galère avec ce micro, pis les punks du public font un mini pogo ce qui les éloigne du deuxième micro, je fonce saisir ma chance et marche malencontreusement sur la chaussure de punk, m’excuse, y m’dit t’inquiète c’est pas toi qui vas m’faire mal, bref on braille. J’alterne entre les deux micros, ça enchaîne sur Vive le Feu et j’reste là (ou j’reviens j’sais plus), ça gueule ça gueule. Ah pis punk fait son p’tit laïus pré-Feu, y parle de cramer les trucs pas cool qu’on a en soi aussi, y parle aussi de gens qu’ont eu des gestes et remarques déplacé-es envers des personnes queer de leur entourage et c’est pas cool, c’est cool à entendre. Et bref je gueule avec.

Je sais pas si tu te rends compte. J’ai vraiment réussi à rejoindre les gars, et à chanter avec, devant des gens, dans un (non, deux) micro(s). Alors oui, après y a punk qui m’a expliqué qu’il essayait d’me faire comprendre que j’pouvais baisser le micro ou même le prendre, il pouvait pas le faire pour moi vu qu’il avait les mains prises par le bourrinage de guitare, ni vraiment m’le dire vu que bouche prise par bourrinage de paroles, et moi j’étais trop occupé à être teubé pour comprendre. N’empêche que j’ai chanté. J’te l’dis, il s’en est passé des choses. J’aime les punks, j’aime le punk, j’aime les zikos bordel. Et j’aime ma vie.

Pis bon voilà, on est très la fatigue, on range le matos (punk arrive avec toutes les guitares alors jui sors «ton père c’est un voleur il a pris toutes les guitares du monde pour les mettre sur ton dos»), punk nous dépose chez copain, la nuit s’annonce courte. Je sors de là vers sept heures du mat’, pour retourner près du lieu du concert, vu que les gars ont dormi à côté, et puis j’attends qu’ils se lèvent en relisant et chantant doucement mes chansons, parce que oui évidemment j’ai pris mon carnet à chansons. Et puis voilà, ils se lèvent, j’suis encore chaotique à pas réussir à leur dire bonjour tellement j’ai peur de les mettre en retard, vraiment faut qu’je bosse mes saluts hein. On s’en va, on fait des blagues, je raconte que la veille à force de les entendre contrepéter bah quand j’ai voulu dire gueule de bois c’est sorti en beule de gois. Y reçoivent des vocaux de Resto Basket, j’me marre de cette conversation, y parlent d’un concert à Pornic. Comment ça Pornic, vous allez concerter à côté d’la ville où j’ai grandi ? Et pendant mon séjour dans le coin ? Ok c’est bon je viens. T’sais quoi j’vais même essayer de rameuter la famille (bon, pas dispo, dommage). Mais très vite arrive l’heure de la séparation, ils me posent à la gare et on s’dit au revoir, là ça va je gère je sais faire les câlins.

J’vais pas te raconter le retour chez moi parce que ç’a été un enfer de chaos j’ai pas pris le bon train le bon billet le bon machin j’me suis retrouvé à moitié en flashback dans une ville où j’avais pas prévu de reconnaître la gare j’ai failli juste me rouler en boule pour chialer, bref rien de bien passionnant, et j’suis arrivé à Lyon sans amende. J’crois pour une fois j’me suis même pas trompé de métro ni de direction.

Et puis chez moi, ça r’semblait à chez moi. Faut vraiment que j’me tire.


Voilà, double dose de Crêtes pour moi, tout ça dans la même semaine. C’était trop bien, et en rentrant j’avais déjà hâte du prochain concert. Ça tombe à pic, juste une semaine à attendre pour RB, une de plus pour re les Crêtes, et encore une pour Vermeil. Bonne nuit les punks.


7 août 2024 (oui j’écris vachement après la guerre mais en même temps je suis trop entre deux concerts depuis mes premières Crêtes).

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