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Pleine Lune

leoapwal69

Insomnie. Ce soir je ne dors pas, car il fait trop chaud, car il fait trop froid. Ce soir je ne dors pas, des images plein la tête, des idées des souvenirs. Ce soir je ne dors pas, parce que tu n’es pas là, parce que je suis un chat. Ce soir je ne dors pas, et loin de tes bras je vois le ciel s’embraser. Chaque soir, c’est la même histoire : des pensées à n’en plus finir, des consignes abstraites, des peurs enterrées. Le sommeil, ce cousin éloigné, celui qu’on ne voit plus qu’en photo, dans un vieil album poussiéreux au fond du grenier déchiré. Déchirer ma mémoire, les rêves qui la hantent, habitants ou Atlantes, dans un espoir doré. Je ne sais plus quand tout a basculé. Je ne sais plus si j’ai déjà connu... Dormir est devenu un calvaire, le repos un graal inaccessible. Comme un suicide permanent, le zombie épuisé s’éreinte à garder l’oeil éteint et l’âme fermée, dans le vain espoir de voir son but atteint. Dormir, comme un souvenir. Tenter, encore une fois, de tomber dans un sommeil réparateur. Le téléphone ne pleurera pas, il gît dans son jus putride. Fatigué de nos peurs, de nos morts et nos coeurs. Supprimer les frontières entre rêve et réel. Toujours plus dur, toujours finir par sombrer. Les bras de Morphée m’appellent, m’abritent, m’acculent. Comme enfermé dans ma prison dorée, quelques heures pour récupérer, entrecoupées de nombreux réveils. Sursauts, cauchemars, chaleur, froid ou n’importe quoi. A quelque chose, malheur est bon, puisque finalement l’épuisement a raison des barrières de mon esprit. Chaque matin, tout est plus dur, comme un étau de plomb qui drape mon esprit dans une coque impénétrable. Ton sourire, ta peau. Chaque matin le souvenir, tu n’es pas sur ce drap. Tes yeux, ta main. Chaque matin, comme un refrain, la mélopée d’un bel espoir. Ton bras, tes lèvres. Chaque matin le doux regard, c’est un enfant qui meurt d’amour. Ton dos, tes cheveux. Chaque matin la tentative, rester dans un demi-sommeil, garder le cap sur le pays imaginaire. Ton cou, ta voix. Comment dormir quand tout se succède... Epuisement latent, désappointement létal. Lorsqu’enfin arrive le repos salvateur, celui qui emmène au bout du monde dans un ballon aux épices. Ce soir, je ne dors pas, ce soir je rêve à cet avenir promis, à ce passé enfoui, à ce présent trahi. Ce soir, je ne dors pas, je mets en boîte la douleur qui m’étreint, le serpent des ans pèse sur le fermoir. Ce soir je ne dors pas, comme un opinel planté dans la main, entre deux doigts aux ongles noircis. Ce soir je ne dors pas, ce soir je pense à toi, ce soir, comme tous les soirs, je garde en moi ce qui presse mon ventre en émoi. Ce soir, je ne dormirai pas, je plongerai dans les abysses d’un noir d’encre féline.



4 octobre 2015.

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