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J'ai dû voler ma liberté

leoapwal69

J’ai couru loin de vos obligations, loin de vos rois et de vos lois, j’ai abjuré vos pardons j’ai sanctifié mes joies. Je me suis envolé loin de vos prisons, au-dessus de vos mauvais augures, j’ai trahi votre cage dorée pour rencontrer enfin mes idéaux et mes pensées. J’ai embrassé le ciel et ses terres isolées, j’ai conté les histoires que je ne pouvais pas vivre et vécu celles que je ne pouvais imaginer ou dont je ne pouvais parler, j’ai voulu exister en vibrant de mes bonheurs. J’ai dû voler ma liberté, arracher mon coeur de sa gangue avinée pour sublimer mon avenir étiolé. On m’a dit que dans la vie, tout se payait, on m’a expliqué que la liberté, ça se gagnait petit à petit. J’ai dû voler ma liberté, parce que je n’ai rien payé rien donné à la vie en échange de ces petits morceaux que je glane. J’ai dû voler ma liberté parce que je m’suis envolé un beau matin avec elle, et qu’elle n’a cessé de croître en mon sein comme un présent qui ne m’était pas destiné. Si j’ai volé ma liberté, je lui ai donné mon nom, en mémoire d’un passé disparu, et je l’ai chérie comme j’aurais voulu l’être. Si j’ai volé ma liberté je te la prêterai, parce qu’un bonheur est toujours plus grand lorsqu’il est partagé. Si l’aube est un désir, le mien porte ton nom. Hélas ladite aube emporte tous mes espoirs de repos, alors que le crépuscule balaie mon sommeil avec ses oripeaux fanés : le stress, les angoisses, les coups de panique sans savoir pourquoi. Quand la respiration devient haletante et asphyxiante, la question qui revient sans cesse à mes oreilles se précise et s’aiguise. Comment rester en vie si l’on ne sent plus le moindre souffle d’air dans les poumons ? La chaleur qui augmente, le monde qui tourne, et les gens qui peuvent lire la terreur qui s’inscrit sur ton visage. Les humains et leurs yeux à la con. Les humains et leurs mains, les humains et leurs mots acérés. Une chape de plomb sur ton front quand tu sais que tu ne pourras pas cacher ce qui te pétrifie sans crier gare. Et les flots salés qui se précipitent contre la fine cloison de tes paupières, les souvenirs qui assaillent le peu de résistance qu’il te reste. Et chaque soir, les mêmes angoisses, les mêmes scènes qui se répètent sur l’écran noir de tes nuits grises. Les mêmes questions, aussi, toujours sans réponse. Et pourquoi, et comment, et où ça, et puis quand.

Si l’un oublie de répondre à un message, que l’autre semble un peu trop sec dans son ton, si un troisième annule une rencontre, le monde s’effondre, le peu de confiance qui restait s’envole loin, très loin, au-delà des songes et des espoirs. Si tu te moques, tu me détruis. Si tu charries, tu m’oublies. C’est toujours toi qui les contactes, pour parler, pour se voir, pour rire, pour n’importe quoi. Et si tu étais aux abonnés absents, au fond, qui le remarquerait ? Si tu t’envolais pour de bon, dans ces voyages que tu désires tant.

La nuit, je ne rêve plus. La nuit, tout est gris, même le noir a déserté mes certitudes. La nuit, tout est fade, sans odeur ni texture, sans relief ni couleur. La nuit, tout sombre dans un sombre clair-obscur, jamais assez noir pour permettre le repos, jamais assez blanc pour permettre l’éveil. Le jour, la lumière déserte mes pupilles, la conscience déserte ma gorge. Le jour, rien n’est assez palpable pour être remarquable. Le jour, même la clarté est impuissante à me rendre présent. L’irréel marque cette face insoupçonnée, la couleur du lendemain m’apparaît bariolée, badigeonnée de rigueurs inconnues. J’ai dû voler ma liberté, ou peut-être la liberté m’a-t-elle dérobé à la vie...


5 juillet 2016.

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