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Il est tard

leoapwal69

Tu te souviens ? Quand tu savais aimer, quand tu savais haïr. Quand le son d’un sourire te faisait rougir. Quand la chaleur d’un regard te faisait rire. Quand tu savais parler, quand tu savais chanter. Quand seules certaines chansons te faisaient pleurer. Quand seuls certains mots pouvaient te briser. Quand tu savais t’abandonner, quand tu savais embrasser.

Tu te souviens ? Quand ça comptait encore, quand tu y croyais un peu. Quand t’avais même ouais, t’avais même des rêves. Quand tu pouvais encore serrer quelqu’un dans tes bras, quand sa peau te donnait faim. Quand ton coeur battait plus fort, si fort, trop fort.

Tu te souviens ? Ces sourires, ces moments, ces rires. Ces promesses sans un mot, ces mots doux aussi. Ces étreintes, ces questions, ces interdits. Tu te souviens ? Ce que ça fait, de sentir des lèvres contre les tiennes. De sentir des bras autour de toi, des mains sur ta peau. Dis-moi, ça te manque pas, des fois ? Bien sûr que si. T’en rêves même toutes les nuits.

Tu te souviens ? Je me souviens. Je me souviens de toi, de nous, de tout. Je me souviens de tes hésitations, de tes sous-entendus. Je me souviens de tes lèvres, de tes cheveux, de ton cou. Je me souviens de ma peur de te perdre, de te faire fuir, de mal faire.

Tu te souviens ? Quand tu y as cru. Quand tu as cru que tu savais chanter, quand tu as cru à l’amour, quand tu as cru que tu pouvais exister, quand tu as presque cru à ta beauté. Quand tu as cru que ça reviendrait, que ça passerait, que ça se tasserait, qu’on te le revaudrait.

J’ai encore envie de te parler. J’ai encore peur de te déranger. J’ai encore envie de te serrer contre moi, de t’embrasser. J’ai encore peur de pas en être capable. J’ai encore peur de te dégoûter, de me faire jeter. J’ai encore envie de te voir, de chanter avec toi, encore peur de pas oser. J’ai encore mal quand je pense à toi, encore mal de ma capacité à oublier que tu existes. J’ai encore peur que tu souffles le chaud et le froid. J’ai encore peur que tu te moques, ou que tu ne sois pas sincère. J’ai encore du mal à te parler, parce que je ne suis pas dans ta tête. J’ai encore du mal à t’écouter, parce que ça semble trop beau pour être vrai. J’ai encore du mal à attendre tes messages, parce que peut-être ils vont s’arrêter.

Parce que je sais jamais si c’est réel ou non. Parce que ma tête est capable d’inventer tout ça. Parce que cette nuit la sensation de mes doigts sur ta peau était bien plus réelle que mes sensations en général, parce que mes doigts sont tellement bousillés qu’ils ne sentent plus rien à part les déchirures. Parce que ça fait tellement longtemps, que j’ai carrément été surpris de vaguement sentir un truc, avec ma peau, l’autre jour, j’ai presque paniqué en me demandant pourquoi y avait pas l’habituelle couche insensibilisante, la peau séchée qui cache tout, j’ai pas compris ce que c’était. Parce que ça fait tellement longtemps, que j’ai carrément oublié ces sensations, et que cette nuit dans mon rêve, c’était réel, je *sentais*, avec la peau de mes doigts, avec mes empreintes digitales, celles que je n’ai plus. Apparemment mon corps a stocké des sensations auxquels mon cerveau n’a plus accès, ou l’inverse j’en sais rien. Toujours est-il que mes doigts sont anesthésiés, mais c’est pas la seule partie de moi. Et je sais pas gérer ça, j’en peux plus d’être déconnecté, d’être un faux humain, d’être dans un monde où tu n’es pas, où tu n’es plus, je sais même pas.

Arrête de te bouffer les doigts. Arrête de t’arracher les lèvres. Va pisser. Va dormir. Lève-toi. Fais-toi à manger. Pense à boire. Pense à mettre au frigo.

Des rêves plein la tête, des rêves trop grands pour moi. Mais finalement j’ai peut-être une chance de les réaliser, si je travaille dur. J’veux pas me faire de faux espoirs, alors j’essaie même pas d’y croire. J’vais continuer mon chemin, faire mon possible, et puis si ça doit arriver ça arrivera mais si ça doit pas arriver ça arrivera pas, basta. Merde, je comptais pas du tout parler de ça. Mais ça m’obsède.

Comme m’obsède l’idée de tes bras autour de moi, de tes mains sur mes épaules, de ton visage dans mon cou. Comme m’obsède le souvenir de ton rire, ou la douceur de ton sourire. Comme m’obsède la couleur de tes yeux. Comme m’obsède ta voix, encore.

J’ai honte d’être moi, j’ai honte de tout ça. J’ai honte en permanence, je culpabilise en permanence, et honnêtement je crois que je me dévalorise en permanence. J’y mets tellement d’énergie, au final. J’ai envie de pleurer tellement je me déteste. Mais parfois, au fond de tout ça, j’entrevois la possibilité de m’aimer, et... je suis pas doué pour renoncer. Vraiment. Je me souviens de ces heures en stop, de ces moments où j’y croyais plus, où j’étais coincé sur le bord d’une route de plus en plus dangereuse parce que je sais pas m’arrêter je préfère marcher, où personne ne passait, où il faisait nuit, je me souviens de tout ça à la fois, à la sortie de Foix, une heure du matin rentrant de Genève, je me souviens que je commençais à craindre de devoir faire à pieds ce trajet d’une heure en voiture, je me souviens de l’épuisement, de mes jambes me portant à peine, mais je pouvais pas m’arrêter. Bien pire, je me souviens du soleil et de la chaleur, de la douleur croissante au dos et ailleurs, de l’air irrespirable de poussière, du poids de mon sac dans lequel je mettais toujours trop de livres, je me souviens de cette envie d’abandonner, de ces appels en l’air, de l’épuisement, mais je pouvais pas m’arrêter, je persistais à marcher, encore et encore. J’en pleurais, je crevais d’envie d’abandonner, je disais que j’allais le faire, je disais “j’abandonne”, et puis... j’étais incapable de m’arrêter, incapable de juste m’asseoir et me reposer. Je sais pas faire ça. C’est drôle à dire pour quelqu’un qui vient de passer deux ans allongé, deux ans dans un canapé, deux ans sans plus pouvoir bouger ni même sortir de la maison seul. Mais quand je commence, je sais pas m’arrêter, je sais pas abandonner. Alors, cette possibilité, cette infime possibilité de réussir à m’aimer, j’arrive pas à l’abandonner. Cette lumière que j’entrevois à peine, je peux pas la lâcher. Oh, je finirai par la lâcher, je finirai par me tuer, si la vie ne me tue pas avant. Mais, quand je vois cette petite perle éthérée tout au fond, quand j’y arrive... ou quand j’arrive à m’en souvenir, rien qu’un peu... Ben je peux pas lâcher l’affaire. Je peux pas juste me laisser mourir, parce que ça prend du temps, de mourir par inactivité, et mon esprit est beaucoup trop tortueux pour rester calme et attendre passivement la mort, ma mémoire est beaucoup trop performante bien qu’aléatoire pour me laisser oublier cette étincelle suffisamment longtemps pour en crever. (C’est pour ça que je précise que je finirai bien par me tuer : quand je suis suffisamment concentré, sur ça ou autre chose, penser devient compliqué, et quand j’ai les yeux rivés sur mon bras les pensées positives ne se bousculent pas. Bref.) Y a un skatepark qui vient de pop dans la série que j’engloutis ces jours-ci, et du coup, j’pense à quelques skateparks de ma vie... Celui de derrière la piscine à La Rabine, à Machecoul, le terrain de bicross aussi, techniquement y en avait un à côté du lycée au Couserans y m’semble, et puis y a eu celui de Toulon, celui de Saint-Laurent... C’est bizarre d’y repenser maintenant, alors que j’y ai pensé genre hier pour complètement d’autres raisons.

Parce que j’ai rêvé.

Y a des gens qui rêvent de stars. Moi cette nuit j’ai rêvé de Thomas Gautier. Et du mec que les gens de twitter utilisent comme incarnation d’Harry Potter dans les fanfic.

J’ai aussi rêvé d’une sorte de fusée, d’un camion qui sautait pour y monter, mais comme ça foirait les deux personnes dedans grimpaient sur la fusée et s’y accrochaient mais a va vite et y fait chaud et y a beaucoup de vent du coup c’est dur de rester bien accroché.

Puis ensuite, Paris, une boulangerie, et le boulanger qui me croit pas quand je lui dis que j’ai pas tiktok et que j’ai jamais eu internet sur mon tel parce que j’en veux pas et genre il insiste méga lourdement, et puis il galère trop à me rendre la monnaie parce que la machine a compté un truc de trop. Il m’a cassé les couilles ce boulanger.

J’aimerais trouver une phrase percutante pour conclure cet article, mais la vérité c’est que j’ai simplement envie de vomir parce que j’me trouve moche (ou parce que j’arrive plus à trouver le sommeil), mais osef. (Hey j’ai ptet un p’tit peu trop de complexes moi des fois nan ?)


2 septembre 2020.

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