Eh ouais, encore un article. Ne le lis pas, s’il te plaît. Ne le lis pas parce que je risque de m’effondrer. Ne le lis pas parce qu’encore une fois, j’y laisse une partie de moi. Ne le lis pas parce que je chante en écrivant. Et je suis vraiment ridicule quand je chante. Mais je suis ridicule dans presque tous les aspects de ma vie, c’est la raison d’être de Leo Apwal. Je suis là, à poil devant mon bureau, ce bureau de ma chambre d’enfant, que je n’ai presque pas utilisé pendant toutes mes années de collège, parce que je préférais me mettre tête en bas sur mon lit pour faire mes devoirs, ou dans toutes sortes de positions bizarres par terre ou sur un meuble. M’installer sur mon bureau eût été une hérésie, et mon dos ne souffrait jamais autant qu’en position assise; pourtant aujourd’hui, c’est bien sur cette chaise, face à ce bureau, assis, que j’écris. Aujourd’hui, je n’ai plus de lit, je n’ai plus de devoirs, je n’ai plus que mes doigts pour pianoter sur mon ordi, parce que cette maison où j’ai grandi ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir. Ce jardin, cet arbre qui a tant de fois supporté mon poids et celui de mes peluches, cette chambre où j’ai broyé tant de noir et de couleurs, ce garage où j’ai accumulé les conneries, comme mon frère avant moi, cette ville où j’ai connu onze années d’école (de la petite section de maternelle à la troisième), toutes les affaires qu’il me reste ici sont sur le point de la quitter. Déménager, quitter cette région une nouvelle fois, alors que je n’y habite même pas, a cette fois un goût de dernière chance. Désormais, quand je viendrai en Loire-Atlantique, ce sera en “simple touriste” après tant d’années. Ce sera encore des hébergements à la va-vite chez des potes, des repas à l’oeil parce qu’on ne me réclame pas d’autre paiement que mon sourire, et la promesses d’un juste retour de flamme en cas de passage par chez moi. De chez moi, je n’en ai d’ailleurs jamais vraiment eu : les autres habitent toujours plus. Mais je ne saurais souffrir la sédentarité plus de quelques mois, je ne l’ai jamais connue plus que ça. Je suis là, à poil devant mon bureau, en train de chanter à tue-tête des chansons plus vieilles que moi, avec une voix... qui laisse à désirer. La voix, le soir, c’est pas trop ça. La voix, retenue, c’est pas joli-joli. Mais j’avoue me sentir quelque peu perdu. Des repères, je suppose que j’en ai jamais eu beaucoup, mais le seul qui ait plus ou moins tenu la route à peu près solidement, c’était sûrement cette maison, cette baraque qu’on vend maintenant. Bébé chat, je te retrouverai. Encore un article sur Faceboob, encore un texte que je ne devrais pas écrire. Ne le lis pas, s’il te plaît. Ne le lis pas, parce qu’il fera perdre de sa superbe à l’être insensible et rieur qui plane loin au-dessus des soucis de ce monde. Ne le lis pas, parce que j’ai encore perdu mon coeur. Je n’arrête pas de courir d’un coin à l’autre, et j’adore ça. Je n’ai pas d’autre attache que... toi. Ne lis pas ça, parce que je veux y croire. Ne lis pas ça, mon voyou mon tombeau, ne lis pas ça et ne crois rien. Ce soir, je suis là, simplement, à poil, à penser à plein de choses. Je chante, encore, et je rêve à ce monde idéal dans lequel tout se passe si bien et rien n’a de fin. Mais par-dessus tout, ce soir, je souris à travers mes larmes, je souris si fort que les étoiles s’illuminent encore. Mes yeux rougis par la pollution se verrouillent d’un barbelé empoisonné. Je quitte une nouvelle enfance, il m’en reste encore. La vie m’épuise, pourtant je veux continuer. Baladons-nous dans les méandres de cette étrange existence. (Oh bordel, je devrais vraiment dormir.)
26 juillet 2016.
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