Dans un sens, j'ai du mal à voir les humains comme des êtres vivants. J'ai facilement tendance à les prendre pour des... meubles, je crois ? Y a des exceptions mais c'est compliqué. Après le souci c'est que c'est beaucoup plus chiant que des meubles. Genre t'sais les meubles le pire truc qu'ils vont te faire c'est exister dans le passage, ne pas s'écarter quand tu veux passer ou quand ton p'tit orteil leur fonce dessus, être trop rigides... Alors que les humains, ça parle, ça bouge, ça a mal si tu les mords trop fort, ça fait plein de bruit, ça tient beaucoup trop chaud, c'est poisseux, ça a des odeurs, des textures variées et qui peuvent bouger d'un jour à l'autre et même d'un moment à l'autre sans prévenir, ça fait des trucs, ça comprend pas quand je parle... Nan, vraiment, c'est chiant les humains. J'ai un besoin permanent de contact, de présence, j'ai besoin d'entendre quelqu'un me parler, me rassurer, de sentir sa peau, l'existence de muscles dessous, la chaleur, le mouvement, tout. Et en même temps, la simple idée que quelqu'un soit dans la même pièce que moi me fait peur, le moindre contact me répugne. J'ai à la fois l'envie, le besoin d'embrasser quelqu'un, et un sentiment d'horreur à l'idée que ça puisse m'arriver un jour à nouveau. C'est chiant, les humains. Pourquoi mes parents ont jamais été fièr-es de moi ? Pour de vrai, pour ce que je suis, pas comme un singe savant ou un objet à exhiber ? J'veux dire, ok j'ai rien d'exceptionnel, mais genre... Ma mère, ça lui aurait écorché la bouche de me lâcher un p'tit "je suis fière de toi" quand je lui parlais de mes notes en Allemand ou quand je réussissais du premier coup un plat mieux qu'elle qui avait l'habitude ? Mon père, ça lui aurait troué les couilles, de s'adresser à MOI pour dire qu'il était fier quand je chantais devant ses potes, ou quand je courais plus vite que les copains ? Ouais je sais ça a l'air de rien. Mais en fait cette absence de mots, ou le fait qu'on parle de moi à la troisième personne en ma présence, ça a grandement contribué à mon sentiment de solitude, à mon isolement, et à ce que je me considère moi-même comme un objet. Du coup, chaque fois qu'un parent de film dit à son enfant "je suis fièr-e de toi", je chiale. C'est un peu chiant ça aussi. Pourquoi elle m’a pas laissé courir ? J’aimais ça, j’étais doué. Pourquoi elle a eu si peur de la compétition ? C’est pas parce qu’elle s’est cassé les dents qu’elle était obligée de casser les miennes. Et pourquoi il m’a cassé quand j’ai commencé à chanter sans lui ? J’aimais ça, j’étais doué. Pourquoi il a tenu à m’humilier devant un pote en critiquant tout ce que je faisais ? C’est pas parce qu’il a perdu sa voix qu’il était obligé de doucher la mienne. C’est chiant, les humains. Le problème, c’est que j’en suis un aussi, un peu. Et c’est vraiment très chiant. Parce que mon cerveau fait des trucs, c’est épuisant. Fixette sur un sujet ou un autre, sur toi ou un-e autre. Et ça fait souvent mal, parce que je sais plus du tout fonctionner. J’suis en manque, j’suis accro. Vraiment, cette sensation, j’en ai besoin. Mais j’ai l’impression qu’elle ne peut exister dans mon état. Et ça me fait horriblement mal. J’en parle sans cesse, j’en meurs d’envie, pourtant quand l’occasion se présente je fuis. Un simple frôlement m’épouvante, je n’ose imaginer l’effroi immense dans lequel me plongerait un contact plus appuyé, une étreinte ou un baiser. Pourtant j’en rêve, j’en crève, j’enrage. C’est trop dur. Je respire et j’écris dans l’espoir que cette chape de plomb finisse par s’alléger, je m’allonge et j’expire mes essais, l’inspiration a perdu la main. J’aimerais t’écrire à nouveau des chansons, j’aimerais parler de toi, de ce “nous” qui pourrait ou aurait pu être. Depuis combien de temps n’ai-je plus vu la lune ? Me baigner dans sa lumière, nager sous ses rayons. J’ai besoin de me ressourcer, j’ai besoin de ton sourire pour voir les étoiles. Je sais plus respirer, j’ai jamais su, jamais appris. Alors j’étouffe, je me noie dans mes pensées, je me raccroche à ce que je peux. Est-ce que tu reviendras m’embrasser ? Est-ce que tu reviendras m’embraser ? Est-ce que je peux tenter ma chance, une nouvelle fois ? Est-ce que je peux tenter pour de vrai, pour toi ? Est-ce que tu te souviens ? Est-ce que ça vaut la peine... Il y a quelques jours, j’ai commencé à rédiger un testament, parce que si je meurs, faut surtout pas que ma famille s’en serve. Et si je me retrouve à l’hosto, j’ai aucune envie qu’iels débarquent, déjà parce que c’est des grosses merdes et ensuite parce que ça me mettrait en danger. Je parle de ça parce que j’arrête pas d’y penser, ça fait partie de mes pensées obsédantes, et j’en ai tellement marre. Libère-moi, aide-moi. J’ai besoin que tu comprennes, que tu saches que c’est toi. J’ai besoin que tu sois là, que tu me relèves, parce que j’y arrive pas. J’ai pas ce qu’il me faut pour ça. Je veux partir loin d’ici. J'crois que dans mes contacts y a des gens qui sont clairement pas prêt-es à entendre parler de ma vie en fait Y a un tel décalage Genre l'autre jour j'explique à qqn que j'suis très très sdf, en galère administrative de tout, épuisé et jeté par ma famille, globalement dans la merde, et que mes potes font leur possible mais que bon c'est compliqué, et iel me rep "content de voir que tu vas bien" euh frère à aucun moment j'ai dit que j'allais bien je suis au fin fond de la dépression alors calmos Pis globalement chaque fois que je parle de ma situation, de mon état physique ou mental, à moins que la personne en face soit dans le même type de situation c'est... hyper awkward et j'ai juste l'impression que l'info ne passe pas, que la communication est impossible avec les cishet valides jsp, ou même juste les valides en fait Encore cette impression d'être un alien Un message que je viens d’envoyer : Tout le côté "perte de contact avec la réalité", ça fait des années que j'ai des phases de dissociation/déréalisation/dépersonnalisation mais ça empire, là depuis un ou deux ans j'ai l'impression que c'est permanent ou presque, j'ai de plus en plus de mal à savoir si je suis dans un rêve ou pas, si les choses sont réelles ou pas, je... j'arrive pas à percevoir la réalité, je fais comme si tout était réel mais j'y crois pas. Ma raison me dit "c'est sûrement réel, t'as aucune preuve du contraire", mais moi à l'intérieur, je le ressens pas. Bon, très concrètement, dès que je lis des témoignages de concerné-es, je me reconnais, totalement ou en partie (j'ai pas de trucs "très forts", mais genre les sensations et situations décrites me ressemblent, comme si j'avais ça en moins fort) Là je vais me fier à la page wiki et les symptômes notés : -troubles d'attention : oui, très clairement, et d'ailleurs autour de moi tout le monde me dit "c'est sûr et certain que t'es TDA", et pour le temps de réponse dès qu'on me demande de prendre une décision, de faire un choix je- c'est comme si mon cerveau freezait, je m'arrête de bouger j'ouvre la bouche et... jsp je fais comme un poisson j'ouvre et je ferme, puis je tente de parler mais j'ai aucune idée de quoi dire je bloque ma tête refuse d'organiser des pensées, en général je finis par dire "je sais pas, décide sans moi" -troubles de mémoire : oui aussi, heureusement que j'ai arrêté l'école y a des années parce que clairement je serais totalement incapable de m'en sortir actuellement (alors que j'étais très doué à l'école), avant je pouvais faire plein de trucs en même temps (lire, chanter, manger, réfléchir, marcher) alors que maintenant j'arrive à peine à me concentrer sur un truc à la fois, et j'ai besoin de musique presque en permanence pour pas être bloqué par tous les bruits de l'existence parce que le moindre bruit la moindre activité me prend mon énergie (donc je veux plus voir personne) -troubles des fonctions exécutives : là aussi, oui très fort, je pense que c'est parce que je suis autiste mais j'ai de gros soucis sur ça, je galère à me faire à manger ou aller me coucher, je dis à voix haute "faut que tu manges" et je mets des heures avant de réussir à me lever pour faire à manger, et si on change un truc prévu ça me panique complètement (j'ai bcp d'anxiété) En résumé, heureusement que j'ai aucune activité pro ou scolaire, je serais totalement incapable de m'en sortir Mais par contre j'ai pas vraiment de "crises psychotiques" comme en racontent les gens, j'ai des trucs légers (quand je suis seul je me mets à crier ou me taper le visage parce que tout est trop dur, quand il y a des gens je me contente de grogner et d'appuyer mes mains sur mes yeux par ex, et j'ai souvent des montées d'angoisse de "il se passe un truc et ça va pas mais je sais pas ce qu'il y a" , fin bref j'ai des petites crises d'angoisse et des petites crises autistiques, y a des périodes où j'ai quelques hallucinations auditives ou visuelles ou de sensations sur ma peau mais pas plus que la moyenne des gens je pense, après j'ai aussi peur des photos : les gens dessus me regardent c'est stressant, et c'est comme s'iels pouvaient lire mes pensées et donc je répète une phrase dans ma tête pour qu'iels puissent pas, que ce soit photo papier ou photo internet y a plein de trucs que je peux pas faire s'il y a une photo dans la pièce, ça me stresse j'essaie de pas la regarder, j'ai toujours l'impression que les gens parlent de moi dans mon dos, que si qqn rigole c'est pour se moquer de moi même les gens dans la rue j'ai l'impression qu'iels me regardent et me jugent en permanence et donc je fais comme si c'était pas le cas mais dans un sens c'est le cas parce que quand j'arrivais à sortir je marchais pieds nus avec des vêtements... conceptuels, un rat ou un chat sur l'épaule etc, mais bref) Je continue avec la page wiki du coup : -symptômes positifs : les hallu j'en ai pas vraiment, fin pas plus que les autres, c'est pas récurrent, le seul truc qui pourrait compter c'est l'impression d'avoir vu un truc mais la seconde d'après pouf envolé, mais c'est juste des illusions d'optique; accès de délire je pense pas en avoir eu dans ma vie (cela dit j'ai du mal à me rappeler d'une crise après coup, je me dis toujours "tu fais semblant c'est pas vrai t'as pas ça/t'as pas eu ça tu fais juste ton intéressant", et même par ex si j'envoie des messages pendant, quand je retombe dessus je comprends pas), mais erreurs de jugement logique j'ai souvent je crois mais rien de grave; déréalisation/dépersonnalisation c'est quasi permanent depuis un ou deux ans je crois -symptômes de désorganisation : passer du coq à l'âne j'ai toujours fait, probablement lié au TDA, mais rien de grave, par contre je perds de plus en plus le fil de ce que je dis ou pense, du coup converser c'est la galère, du mal à prendre des décisions oui clairement, après ce paragraphe correspond bcp à mes traits autistiques -symptômes négatifs : aboulie oui mais ça correspond à mes symptômes de dépression; anergie, anhédonie, apathie, apragmatisme, incurie, désintérêt, retrait social, tout ça pareil ça correspond à ma dépression; habillement atypique oui mais ça correspond à mon autisme; froideur affective des fois mais j'ai appris à masquer (encore une fois, autisme); alogie j'associe ça à mon TDA; ambivalence omg oui très fort et c'est très chiant, ma tête dit "je déteste cette personne" et moi je dois lui rappeler "mais non tu l'aimes bien avant tu lui faisais des câlins" (mais depuis quelques mois le moindre contact physique m'effraie) Bref tous les symptômes que j'ai l’impression d’avoir ou que j'ai un peu, sont explicables par autre chose et puis c'est juste des mots je comprends ptet de travers, et j'ai rien de "fort" donc je me dis que je suis sûrement pas concerné
18 septembre 2020.
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