J'ai passé mon enfance persuadé qu'il existait pas de meilleur endroit au monde
Puis j'y ai vécu, j'ai vu que c'était pas comme ma vie d'avant, vraiment pas le même fonctionnement, un monde comme hors du temps
Puis j'en suis parti, et j'ai su que je pourrais jamais en partir pour de vrai
J'ai essayé de te détester, parce que je t'associais à ces gens qui m'ont fait du mal, ma "famille", des ex
J'ai tenté de te haïr, pour ne pas souffrir d'être si loin de toi, pour oublier que je ne sais pas te quitter
J'ai voulu t'oublier, toi, alors que tu n'y étais pour rien, j'ai voulu t'effacer, te fuir pour de bon J'ai eu peur de toi, incommensurablement. Peur de ces yeux partout quand je viens, peur de ne pas savoir qui peut me reconnaître et aller rapporter à mon père, à mon frère. Peur de croiser quelqu'un que j'ai connu avant, quand je me cachais, peur de me retrouver face à lui. Peur de me faire fracasser, peur de m'en prendre à lui. Peur de devenir comme eux deux, d'être l'un d'eux, peur de leur faire ce qu'ils font aux autres. Peur de les voir, de ne pas savoir comment réagir. J'ai eu peur de toi, en me rappelant que les gens que je connaissais là-bas ne me connaissaient pas, n'avaient aucune raison de s'intéresser à moi
J'ai été en colère contre toi, parce que tu maintiens les gens hors du temps, qu'iels ne peuvent t'échapper, qu'iels m'ont tant fait pleurer
J'ai eu mal pour toi, parce que tu ne peux échapper aux gens
J'ai essayé de faire mon deuil de toi, comme je l'ai fait de ce père et de ce frère qui ont tué cette version d'eux que j'admirais
J'ai tenté de t'oublier, oui, comme je tente de les oublier, parce que le souvenir me fait pleurer J'ai cru que rien de bon ne pouvait sortir de toi
J'ai cru que tout était pourri
J'ai cru que tout était perdu pour toi
Je crois que j'ai eu tort. Je crois que je l'ai toujours su. Je crois que les gens que je connaissais existent encore, que celleux avec qui j'ai encore, même vaguement, un contact en valent la peine. Je crois qu'iels me manquent. Je crois que je ne peux pas leur dire, parce que peut-être iels m'ont oublié. Je crois que je ne peux pas leur manquer. Je crois que son petit air presque timide quand il me demandait de l'accompagner, je crois que son sourire, me manquent. Je crois qu'il est toujours ce qu'il était, ce que j'aime tant. Je crois qu’il y a peut-être toujours cette lumière dans ses yeux, dans son coeur. Je crois que tu es toujours le plus bel endroit du monde, même si je ne peux pas te rejoindre. Je crois que je ne reviendrai pas, que je ne retournerai pas vivre là-bas. Je crois que je serai toujours de passage chez toi. Je crois que je l’étais déjà, même quand j’habitais là. Je crois que ça fait mal, mais moins. Je crois que j’ai connu pire. Je crois que la maison où j’ai grandi me manque un peu trop, mon arbre. Je crois qu’il y a chez toi de belles personnes, malgré mes peurs. Je crois que je m’en veux de te fuir encore, d’être parti trop loin. Je crois que je ne suis pas encore prêt à te revoir. Je crois que mes larmes vont encore beaucoup couler, je crois que j’essaie encore d’oublier tout ce qui s’est passé. Je crois que j’ai encore mal, mal de toi.
Mais peut-être...
20 août 2020.
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