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Angélique harmonie

leoapwal69

Peut-être que si on fait tous semblant d’être de gros méchants, c’est parce qu’on connaît notre coeur pur et fragile. Si dans ma tête tout tourne et vire, c’est peut-être que ça tourne finalement pas bien rond dans mon coeur, si j’ai si mal au dos c’est peut-être que le poids de mes pensées tordues est trop lourd à porter pour un si petit humain faible. Peut-être que si je chante si fort, c’est pour crier ma rage et ma douleur, peut-être que si j’essaie tant d’avoir une voix grave et rocailleuse, c’est pour compenser mes apparences de fillette, cet air toujours innocent malgré les années, malgré les innocences perdues. Peut-être que si je souris encore à tous ces visages, c’est par crainte de ne plus en voir un en particulier, un que j’ai déjà perdu, un que je n’ai jamais vu, un que je ne reverrai jamais, un qui n’arrive plus à percer mes pensées. Peut-être que si je joue les enfants fragiles c’est pour cacher que j’en suis vraiment un, cet enfant qu’aurait grandi trop vite. Si je pleure le soir, c’est peut-être qu’il est trop dur de pleurer en plein jour, parce qu’on peut voir le dégât des larmes sur ce visage d’enfant, parce qu’on peut voir toutes ces imperfections, ces laideurs et ces peurs sur un visage tuméfié, abîmé malgré tout par les années, comme si des siècles de douleurs et quelques années seulement de vie se côtoyaient sur cette peau que je tente encore de détruire. Si je crois encore que j’ai seize ans, si je m’amuse tant avec ceux qui les ont vraiment, c’est peut-être que je n’ai jamais eu mes seize ans, que je vis aujourd’hui l’enfance et l’adolescence qu’on m’a volées, que j’ai laissé partir. Si je vois tant les fautes écrites ou prononcées, les fautes d’orthographe ou de français, c’est peut-être pour cacher que j’ai peur de montrer les fautes de coeur, les fautes de vie, qui sont en moi, qui restent encore, toujours. Si j’ai tant envie de revenir en arrière, c’est peut-être que j’ai peur d’avancer, de me rendre compte que c’est du passé, qu’aux yeux du monde je n’ai plus seize ans. Un jour, j’ai rêvé que j’étais grand, que j’étais fort, que je pouvais parler aux gens sans être un fou, un indocile, un gamin attardé, un ado assumé, un adulte en retard, un qui-voulait-pas, qui voulait pas grandir, qui voulait pas souffrir, qui voulait pas mourir. Un jour, j’ai rêvé que je savais parler, que je savais te dire, te donner, ordonnés, tous ces mots que je ne sais que jeter en vrac, que je savais parler, que je savais te dire, toutes ces choses folles qui me font crier dans mon lit, ces souvenirs et imaginations qui me donnent des frissons, ces nuits d’amour et de plaisir, ces nuits de haine et de chagrin, ces nuits de rire et de passion, ces nuits de fureur et d’ennui. J’ai rêvé que tes yeux, tes doux yeux si grands, si bleus si noirs si verts si heureux et tristes, j’ai rêvé que tes yeux me suivaient m’accompagnaient, me guidaient m’enlaçaient, comme tu n’as jamais su faire mais faisais pourtant si bien. J’ai rêvé que mes rêves étaient vrais, que la réalité n’était qu’un cauchemar, un égarement d’une nuit. J’ai rêvé que je pouvais tout faire, que j’étais sûr de moi et beau à tomber, que je ravissais les coeurs et les corps, que j’entraînais dans mon sillage de superbes créatures. Mais ce matin je me suis réveillé sans personne à mes côtés, j’ai vu que ces magnifiques personnes ne pouvaient m’aimer que dans leur corps, jamais dans leur coeur, et j’ai eu mal. Mal, parce que je n’ai que faire au fond de pouvoir coucher avec un dieu ou une déesse, si j’aime sans retour. Mal, parce que je sens dans les tréfonds de mon âme que s’ils croient m’aimer, ils souffriront, mais jamais autant que j’ai mal de les aimer ou de ne pas les aimer. Mal, parce que la vie c’est ça : du bonheur, du malheur, rien d’équilibré, et que ma vie est malsaine. Mal, parce qu’aimer les mauvaises personnes, aimer des gens qu’on a pas le droit d’aimer, ça vous bouffe de l’intérieur. Mal, en fait, parce que je m’interdis plus que quiconque, plus qu’à quiconque, et qu’il est ridicule de se retenir d’aimer ou bien de s’y forcer, parce que l’amour n’est sûrement pas si contrôlable. Cette nuit, j’ai eu peur. Cette nuit j’ai cru que c’était fini, que j’avais perdu l’amour de ma vie. Mais au réveil, c’était bien la réalité, pire encore que mes rêves. Parce que parfois, c’est bien fini, et pour toujours. Si mes sentiments sont sincères ? J’en sais fichtre rien. Je sais pas grand-chose, même pas ce qu’est la sincérité. Je sais juste que de voir sa p’tite frimousse, d’entendre sa voix à la dérobée, ça m'a pas juste émoustillé, ça m'a pas juste fait rire, ça a fait battre mon coeur. Je sais juste que j'ai pris le temps de foutre le bordel dans mes cheveux pour pas qu'il voie qu'ils étaient sales parce que je les avais pas lavés depuis... depuis lui, depuis elle, depuis eux, depuis que j’ai mal. Je sais juste que je voulais pas qu'il voie à quel point j'étais plus là, à quel point j'étais plus moi, je voulais pas qu'il voie à quel point j'me sentais vieux de ma vie. J'ai juste pensé "il est fou, il est fou”, comme j’ai pensé de tous ceux, de toutes celles, de toustes celleux. J’ai juste crié dans ma tête “oh merde, oh merde.” Je sais juste qu’avec toi, le temps est plus court, le temps ne dure jamais assez longtemps, quand trente minutes semblent à peine cinq, quand vingt minutes semblent une. Si court, si naturel. Je sais juste que j'ai beau faire la gueule, il arrive à me faire sourire avec un message, alors que je dors sans doute encore. Je sais juste que je voudrais vraiment être quelqu’un d’autre pour pouvoir lui plaire, mais que j’aimerais encore plus pouvoir lui plaire moi-même, juste en étant moi. Je sais juste que j'ai peur, qu'il ne comprenne pas ou pire qu'il comprenne. Je sais juste que quand j'me réveille je pense déjà à lui, et je sais pas pourquoi. Amoureux ? Mais j’en sais rien. Sacrément mordu, sacrément tordu. Je sais juste que quand il a enlevé son T-shirt, j’ai compris que j’allais baver longtemps, que j’ai détourné les yeux pour pas risquer, pas devant elle, que j’ai embrassé cet amour qui me faisait les yeux doux sans le savoir, sans savoir que je l’aimais déjà. Je sais juste que quand on est arrivés au moment des confidences j’ai essayé de me rappeler, de savoir si, comme avec tant d’autres, de savoir quand, comme avec tant d’autres, j’ai essayé de me retenir, de me contrôler, mais cette fois c’est mon T-shirt qui s’était fait la malle, comme d’hab, comme avec tout le monde. Je sais juste que quand il a émis l’hypothèse, j’étais déjà en train de l’aimer, je sais que quand j’ai posé mes lèvres c’était trop tard, pourtant c’était juste sa peau, pas ses lèvres, pas encore. Et ça change quoi. Je sais juste que quand il m’a dit “je t’aime”, j’ai cru, presque espéré, que ce soit encore de l’amitié comme toutes les fois d’avant, quand je l’aimais déjà d’amour mais qu’il n’en pouvait rien savoir. Je sais juste que ses lèvres, sa peau, ses mains et son sourire, ça me faisait vibrer, ça me faisait frémir, je sais juste que l’amour on le faisait sans gestes. Je sais juste qu’en voyant l’enfance dans ses yeux, j’ai voulu reprendre la mienne, je lui ai donné mes années malsaines, je sais juste que des galaxies sont nées dans mes iris quand il m’a regardé, quand il a eu peur. Je sais juste que j’aime, intensément, beaucoup trop fort, beaucoup trop partout, j’ai un amour multiple et éparpillé, j’ai un amour magique et malsain. Je sais juste que je ne sais pas aimer. J'ai envie de hurler qu'il a tout cassé dans moi, mais tout était brisé bien avant lui, j'lui ai juste foutu une masse dans les mains et j'l'ai poussé à frapper, en plein corps en plein coeur, j'l'ai juste forcé à être Celui qui finirait le travail, pour me donner le courage de ne plus aimer, de ne plus voir. Je voulais plus rien sentir, maintenant je pense, je tombe, je chois et je meurs de ma vie. Si loin, si loin... Si longtemps. Je n’ai jamais su ce qu’était l’amour, je n’ai jamais su aimer ni chanter, et pourtant j’aime et chante si fort, si souvent, si n’importe quand. Je ne sais pas faire la différence entre attirance et amour, entre amitié et amour, entre amourette et amour, entre avoir un faible et tomber amoureux. Ce matin je me suis réveillé sans personne à mes côtés, sans personne dans mon coeur, sans mon coeur dans mon corps. Pourtant, je sais que tu me dis “je t’aime”, qu’elle, ellui, lui, vous, je sais que vous existez sûrement ailleurs que dans mon imagination; mais je n’ai jamais cru un “je t’aime”, ou plutôt j’en ai cru un seul et il était faux, je suis immunisé depuis l’enfance. Alors oui, je peux vous croire quand vous parlez d’envie, de désir ou même de beauté, parfois. Mais ne me parlez pas de sentiments, je ne les entendrai pas. Ou plutôt parlez-m’en, à tort et à travers, jusqu’à en imprégner chaque parcelle de mon corps, que je puisse envisager d’y croire. Je ne sais plus si j’aime trop ou trop peu, mais toi, toi qui ne lis sûrement pas ces lignes, tu plais à mon coeur et à mon corps, viens me souffler tes désirs et laisse-moi mordre ton corps si parfait, laisse-moi griffer ta peau dorée ou pas. Toi qui es si loin, trop loin pour m’entendre t’aimer, m’entendre respirer. Toi que j’aime, que j’ai aimé, que je n’aime plus ou que j’aimerai demain. Ne cherche pas à me comprendre, tu te perdrais comme je me suis perdu à essayer. “ Viens on s'marie et on oublie le monde. On s'marie et on oublie que ni toi ni moi ne voulons nous marier. Viens on oublie que la vie existe, on oublie que nous aussi on existe, et on se contente de s'aimer. Viens on s'marie sans mariage, sans prêtre ni maire, sans mère ni père, sans famille ni amis, sans dieu ni patrie, juste toi, moi, et les étoiles pour une fois. Viens, on s'marie avec la vie, en attendant le divorce on peut toujours s'amuser avec ou sans elle. Du plus profond de mon être je te suivrai, du plus profond de mes entrailles je t'emmènerai. Viens, on s'marie sans mariage, sans Marie, sans mari ni femme, sans garçons d'honneur ni témoins, sans frères ni soeurs, sans félicitations ni pleurs, sans projet ni rancoeur. Allez, viens, qu'on s'aime et qu'on s'perde, viens on chasse la mélancolie et on embrasse la folie.” Je garderai sur mes lèvres le souvenir imaginaire de tes baisers, la douceur manifeste de ta peau pourtant si éloignée, et tous ces petits riens que tu me cries tout bas au fond de mes rêves. Finalement je crois bien que je sais, je sais qui tu es, ma Nina. J’aurais jamais dû avoir vingt-et-un ans, c’est évident. J’avais déjà pas prévu d’être majeur, j’croyais pas pouvoir avoir dix-sept, ou dix-neuf, encore moins vingt. Alors, pour compenser, j’ai vécu la vie de quelqu’un d’autre, je n’ai rien à faire dans ce corps ni dans cette vie tout cela n’a aucun sens. J’ai envie de parler d’amour, mais que sais-je de l’amour, moi petit enfant de huit ans, moi petite chose fragile ? Le ciel est magnifique, soleil reflété dans toutes ces feuilles vertes, j’ai seize ans, ça fait cinq ans que j’ai seize ans. J’ai mal au dos j’ai mal au crâne, mon coeur tente de s’enfuir de ma poitrine en traversant mes lèvres, j’ai mal de vivre le mal d’aimer. Le soir, dans le réconfort doux et chaud d’une couverture, je laisse mon esprit vagabonder vers d’autres temps, d’autres paysages, vers les rivages secs de vos coeurs endeuillés ou insensibles, j’envoie mon âme voguer vers vos espoirs, hagards, vos nuits sans sommeil et vos sommeils sans rêve, vos rêves sans amour et vos amours sans joie. J’oublie parfois que vous n’êtes que des souvenirs, des perfections issues de mon imagination, inspirées souvent de personnages réels mais jamais si proches des originaux, illusions transformées par mes soins pour correspondre à mes fantasmes d’amitiés et amours parfaits. Je rêve de douceur, de violence, je rêve de mes crocs plantés dans une épaule et mes griffes dans un dos, de mes serres refermées autour d’un coeur ou d’un autre, pour vous avoir tous à mes pieds, vous sentir tous amoureux, dans mes pensées, puisque la réalité est trop dure. Quand j’ouvre les yeux, personne n’est là pour me donner tout cet amour que j’imagine, personne n’est là pour me choyer me dire que tout ira bien, personne n’est dans mes bras pour se faire dorloter et aimer, je n’ai personne à protéger du monde ou de moi. Toi que j’aime, qui es si loin, toi si proche pour qui je ne ressens rien, toi si faible que je voudrais aimer et toi si puissant vers qui je voudrais me réfugier. Toi si vide, comme tant d’autres. Toi si torturé, comme une myriade d’étoiles dans ma vie. Quand j’aime, j’ai mal, d’aimer plus que l’autre ou bien de l’aimer moins. Devrais-je me taire ou te le dire ? Devrais-je parler ou tout te cacher ? J’ai jamais été un bon menteur, sauf pour jouer. Au poker j’suis le roi, c’est pour ça que j’y joue pas. Mais dans la vie, j’ai trop peu de retenue, j’finis par divulguer mes info’, surtout si elles ne concernent que moi. Je vais me griller, si tu ne l’as pas déjà fait. J’ai souvent rêvé d’être quelqu’un d’autre, de n’avoir pour seul point commun avec ma personne actuelle que mes yeux, mes yeux magiquement bleus et verts et gris, avec leur petite étoile jaune rouille, mes yeux magnifiquement émerveillés de chaque détail, chaque impossibilité. J’ai souvent rêvé de pouvoir séduire d’un seul regard, d’un seul geste, comme dans les films. Je voulais être canon, je voulais être charmant, je voulais je voulais. Mais je suis un charmeur, efficace malgré lui, sans savoir sans comprendre. Je ne sais pas chanter mais je chante, je ne sais pas draguer mais je conclus. Bonsoir, je paradoxe. Eh mon grand j'ai pas confiance en moi j'ai tellement pas confiance que je chiale dans mon oreiller et que j'suis persuadé que j'peux plaire à personne, eh mon chou tu m'plais mais j'ose pas te le dire tellement j'me sens comme une grosse merde, j'me trouve dégueu j'évite les miroirs et je gueule très fort pour éviter qu'on s'attarde sur ma gueule, eh beauté depuis qu't'as eu l'idée de te confier et dm'e ressembler j'dors plus la nuit j'fais des voyages sur des bateaux qui font naufrage, eh p'tit gars je rêve de toi toutes les nuits j'me suis endormi devant Star Wars en croyant que mon marsu en peluche c'était toi que t'étais encore vivant et même moi, eh bb j't'imagine à poil sous mes draps avec tes dents dans mon cou et cette seule pensée a bien failli me faire jouir presque autant que d'imaginer mes crocs dans ta chair j'te tuerais si j'te touchais, eh beau gosse j'aimerais que tu sois ce fameux numéro cinquante qui n'a aucun sens mais qui me permettrait peut-être d'arrêter de me taper n'importe qui et de me contenter enfin des gens qui me plaisent vraiment, eh mon ange je hurle si fort à la vie que je la hais de t'avoir fait si loin de moi si inaccessible si interdit, eh chéri j'viens de me rappeler que t'existais que dans ma tête. Quand j'étais gosse je m'imaginais pas vivre au-delà de mes seize ans. Et toujours pas d'ailleurs. Mais ça fait cinq ans que j'ai seize ans. Et si le gosse que j'étais voyait le gosse que je suis devenu, il serait à la fois admiratif (en voyant quelqu’un d'autre) et honteux (en comprenant que c'est lui). Moi j'hésitais entre être un tombeur qui n'aime personne, qui séduit sans toucher, et devenir une princesse avec un unique amour et tous les autres qui lui courent après. Résultat j'suis un con qui drague un peu tout et qui meurt d'amour pour plus de gens qu'il n'en peut compter, et qui s'tape la moitié de ses potes. Je laisserai rien sortir, quitte à en mourir. Ce poids qui écrase ma poitrine, je le laisserai me ronger de l’intérieur, ce mal qui progresse chaque jour. Et, sans regret aucun, je m’éteindrai, paisiblement, un jour, un soir, demain ou dans longtemps. Peu importe.


16 août 2017.

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