Petit disclaimer d'aujourd'hui : ce texte est à prendre dans son contexte, à savoir ma vie d'il y a un ou deux ans, mes douleurs du moment. Je dis des choses très violentes sur la drogue ET sur les gens qui se droguent, mais c'est pas des généralités, je parle uniquement de mes expériences, des gens que j'ai connu, de l'impact sur elleux. Aujourd'hui, j'ai rien contre les gens qui se droguent, que ce soit légal ou non (oui les médocs ça va dans la drogue), j'ai juste pas envie d'y assister. Si qqn veut prendre un truc en ma présence, faut me prévenir, parce que selon mon état je peux ne pas être capable de gérer, mais en tout cas si je suis pas prévenu ça se passe forcément mal. La drogue, c'est pas plus mal que la bouffe ou la musique, chacun-e fait ce qu'iel veut tant que ça n'impacte pas les autres. Mais, quand j'ai écrit ce texte, je venais de passer bien un ou deux ans à me prendre de sales expériences avec ça, en voyant les potes se droguer. Donc j'avais mal, mal de ça, et besoin de gueuler pour que les gens entendent enfin que j'avais pas envie de les voir se déchirer la gueule, iels avaient qu'à le faire sans moi. Depuis, j'ai beaucoup changé mes fréquentations. Ce texte était le coup de gueule dont j'avais besoin pour changer de vie.
Si tu veux garder intacte l'image du personnage Leo Apwal, ne lis pas ce qui va suivre.
J'en peux plus de la drogue. J'en peux plus des conneries. Je suis fatigué de pas pouvoir passer une soirée avec des potes sans que ça tourne autour du sexe ou de la drogue. Sérieux, la dernière fois que personne n'a ni bu ni fumé ni pris d'autres trucs, ni baisé, dans une soirée où on était plus de deux, ben... Je sais même pas de quand ça peut dater. L'alcool me file la gerbe rien que d'y penser (ceci dit, à l'heure actuelle tout me file la gerbe, surtout la bouffe et la connerie humaine, mais c'est un autre sujet), l'odeur est répugnante, mais le reste, ça vaut pas mieux. En vrai, si ça arrivait une fois de temps en temps, je m'en battrais les couilles. Mais c'est loin d'être le cas. Tous les jours, tous les soirs, même dès le matin, vous vous enfilez des clopes, des bouteilles, des bédos, des taz, des traces de coke, et je ne sais quoi encore. Y en a qui m'ont vu au sol pour avoir appris que les copains avaient sniffé juste derrière moi, dans la même pièce, sans me le dire. Y en a qui m'ont vu chialer à m'en filer mal au crâne, de savoir que des potes de quinze ans y passaient leurs week-ends, leurs soirées, et le reste. Y en a qui m'ont entendu gueuler (et franchement heureusement qu'ils savent pas ce qui pouvait s'passer dans ma tête ils auraient flippé) d'entendre des enfoirés encourager les autres à sniffer, se piquer, ou je ne sais quoi. Y en a qui m'ont vu paniquer en voyant des gens auxquels je tiens se faire mal avec ça. Y en a qui m'ont vu chialer en imaginant ce qui pourrait arriver. Y en a qui m'ont vu gueuler en racontant l'histoire de mon frère, de mon père, des déchets que j'ai pu côtoyer. Les gars, sérieux, j'suis fatigué de tout ça. J'ai pas envie de me ruiner la santé en m'inquiétant pour vous, et encore moins en commençant à prendre des trucs que j'ai pas envie de prendre, même si j'ai essayé deux-trois conneries pour faire comme les autres, ou plutôt pour savoir ce qui les attirait tant, mais globalement j'suis très loin d'être convaincu, les désagréments sur le moment sont supérieurs aux effets "rigolos" ou intéressants, à une exception près. Mon étude m'a apporté la conviction que j'étais pas fait pour la drogue, même si quand on voit ma famille et mes potes c'est facile de se dire le contraire.
Sauf que justement, c'est trop évident. Et moi, apparemment, j'suis trop différent. Parmi les gens normaux, j'ai l'air de "cultiver la différence", de forcer le trait, de faire semblant pour faire peur, ou je ne sais quoi. Et parmi les originaux, les parias, les undergrounds, les marginaux, j'fais office d'alien, de distraction rigolote, de sidekick intéressant. Mais surtout, je tranche, je détonne, je fais tache. Ok, j'suis hors-système, mais surtout hors de contrôle. Hors des cases, pas hors d'atteinte. Je fais tout à ma manière, et j’fais semblant d’être comme les autres, comme les miens. Mais je suis pas comme vous, et encore moins comme eux. Je sais pas c’que j’suis, peut-être juste une anomalie. Les gars, cette semaine j’ai fini à 42kg, ce qui fait environ 10 de moins que c’que je devrais peser. J’arrivais pas à manger. Maintenant j’peux me gaver de pâtes, mais ça m’file la gerbe, et j’me demande si j’mange pas justement pour me dégoûter d’la bouffe, pour plus y toucher après. Je l’ai déjà dit, mais mon corps me dérange de plus en plus, ça devient invivable, j’ai envie de juste l’arracher et le balancer pour plus jamais y penser. Mais peu importe. J’vais arrêter de me plaindre de mon corps, aujourd’hui tout c’que j’ai c’est ma voix pour chanter, alors j’vais pas m’en priver. Physiquement c’est l’seul truc cool chez moi j’crois, donc autant en profiter et en faire un truc vraiment génial.
Enfin bref, c’est pas du tout sur ça que j’voulais écrire. Je voulais parler de drogue. De ce truc qui vous bouffe les uns après les autres. Je voulais parler de la flemme, ce truc qui nous englue tous. Je voulais parler d’un mode de vie qui nous engloutit petit à petit, ou d’un seul coup pour ceux qui sont pas tombés dedans quand ils étaient petits. Les tatouages et les piercings, c’est fun, et tant qu’tu fais un minimum gaffe, tout va bien. Mais quand j’entends vos conneries de quand vous êtes bourrés, défoncés ou que sais-je encore, je m’inquiète qu’il y ait des aiguilles dans le coin, ou des couteaux, ou des meubles, ou n’importe quoi d’ailleurs. Votre simple existence est dangereuse pour vous et les autres, quand vous êtes déchirés. Et moi, dans tout ça ? J’suis dangereux uniquement pour moi. Beaucoup, c’est vrai, mais juste pour moi. Et j’suis toujours beaucoup trop lucide, beaucoup trop conscient, même les rares fois où on peut m’mater déchiré (oui c’est arrivé, et peut-être que ça arrivera à nouveau). J’ai qu’une envie, c’est de choper des aiguilles et de l’encre et de me tatouer moi-même toute la peau, comme j’me suis percé les oreilles ou autres conneries. J’ai envie d’apprendre à m’habiller, à écrire, à manger, à chanter, à courir, à nager, à aimer, à rire, à respirer, toutes ces choses que j’suis supposé savoir faire... Mais j’aimerais surtout apprendre à être moi. Et pour ça, personne ne peut m’aider. Encore moins moi, semble-t-il parfois.
Leo Apwal. Je pense que ça restera mon pseudo, mon personnage sur les réseaux sociaux etc. Mais c’est pas ce que je veux être au quotidien, c’est plus moi. C’est un costume que je peux endosser quand je revois de vieux amis, ou quand je rencontre des gens finalement pas si intéressants, ou quand je parle en public, avec ma voix ou mes doigts. Mais je peux pas tenir le rythme au quotidien, c’est de plus en plus évident. Manifestement j’suis pas fait pour être moi, qui l’eût cru ? Mais je sais pas ce que ça peut donner si j’en sors autrement que pour dormir ou être tranquille tout seul. Enfin bon, toute façon, comme d’habitude, j’suis persuadé que personne ne lira jusqu’ici, même si j’en ai envie, même si je persiste à avoir l’espoir qu’une personne le fasse et puisse changer quelque chose. J’suis en train de virer straight edge, à nouveau. L’alcool, le tabac, les drogues dures, on sait tous à quel point je m’en tiens loin, enfin pas si loin vu que c’est dans le nez et les veines de tous mes potes. La baise, ça fait un moment que ça m’est pas arrivé avec quelqu’un sans en être amoureux, je donnerai pas plus de détails sinon des gens pourraient comprendre que j’avais des sentiments pour eux, ou le contraire. Mais je mange toujours n’importe quoi, parce que je choisis pas. Je dépend des autres, et les autres, à mon âge, ils kiffent la malbouffe et le reste, parce que bon tant qu’on est jeunes ça a pas d’impact, pas vrai ? Pas vrai. Paradoxalement, j’ai envie de prendre soin de ma santé alors que je me fiche de ma vie, si je vivais au-delà de 30 piges ce serait un putain de hasard, un record, une erreur. Qu’est-ce que le monde foutrait d’un abruti de 12 ans incapable de grandir ? Et qu’est-ce que je foutrais d’un monde aussi ignoblement dégueulasse.
Voilà, désolé, Leo Apwal n’est qu’une façade, et moi, moi j’suis juste du rien. Un grand sac plein d’vide, un p’tit truc plein d’rien. J’ai plus confiance en moi, j’ai plus confiance en rien. Les gens à qui j’peux faire confiance se comptent sur les doigts d’une main.
Aujourd’hui, j’aimerais que ma devise puisse comporter des rires, des libertés, et des amours. J’aimerais surtout pouvoir être libre à ma manière, enfin. Parce que j’le suis toujours pas, j’me bloque encore pour des conneries, j’me mets la pression pour correspondre à c’que je pense que les gens attendent de moi, mais j’y arrive pas. Et j’veux rire, j’veux rire. J’veux rire de cet amour qui me dévore et de cette liberté que je cherche.
19 novembre 2018.
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