Enfant, je rêvais sans cesse de rencontrer une fée, un elfe, ou toute autre créature mythique ou mystique. Et c’est arrivé tellement de fois que je ne sais même plus à quel moment j’ai pu m’imaginer que c’était chose ardue. Aujourd’hui, je cherche à nouveau les fées, mais plus moyen de les trouver. Aujourd’hui, les fées ont disparu. Elles ne murmurent plus à mon oreille, elles ne fredonnent plus des airs gais et vifs dans l’air, elles ne chuchotent plus contre mes orteils pour les protéger de la vie. Mais les battements de mon coeur s’accélèrent lorsque toutes ces vagues d’émotions me percutent, cette violence incommensurable qui fait ma vie et mon quotidien me submerge de ce que ressentent d’autres ou de ce qu’ils imaginent.
L’autre jour, mon père m’a dit que ça lui faisait plaisir que je prenne son ordi et m’enferme dans ma chambre dès que je suis chez lui, parce que quelque part, ça veut dire que je me sens chez moi ici. Sauf que ça n’est pas ça du tout. Si je me permets certaines choses avec mes parents, ma famille, des manques de respect que je ne me permettrais avec personne d’autre, un degré d’ignorance tout à fait inacceptable, ça n’est pas “parce que je me sens chez moi”, mais parce qu’ils m’ont selon moi fait suffisamment de mal pour que je n’aie plus jamais à me soucier de leur en faire. Oui, c’est puéril, disgracieux, contre-productif, ridicule, égoïste, capricieux, révoltant. Peu m’importe, je suis seul juge.
Cela fait deux ans et demi que je n’ai plus de domicile “fixe”, et au moins quatre ans que je ne me suis pas senti vraiment “chez moi” quelque part. Je ne sais pas si j’ai déjà connu cette sensation, d’ailleurs, mais je sais que je souffre depuis quatre ans de ne pas trouver de retraite sûre, confortable, personnelle. Et depuis toujours, je cherche à combler des manques divers, de diverses manières, sans y parvenir réellement. Aujourd’hui, j’ai trouvé tout ce qu’il me fallait, ou bien le bonheur m’a trouvé lui-même. Dans quelques jours, quelques semaines tout au plus, j’aurai enfin la vie dont j’ai toujours rêvé, à tout point de vue. Je ne sais si j’ai mérité tant de joie et de félicité, mais peu importe.
La fatigue cependant a une prise un peu trop importante sur mes humeurs, depuis quelques temps. Epuisé, je lutte pour conserver un semblant de paraître, passe mon temps à dormir ou essayer, et ne parviens à me reposer. C’est rageant. Toutefois, je compte bien me reprendre en main très bientôt. A l’heure actuelle, cet état est préférable à la peine, la douleur et le désespoir qui m’envahiraient si j’étais pleinement conscient du présent, et, n’ayant aucune envie de sombrer à nouveau dans les affres de la dépression, je me contente ma foi fort bien de cette pause intellectuelle. Mon cerveau fonctionne de manière automatique, je n’ai plus de prise sur la réalité, je suis un zombie du bonheur. Peu importe. Peu importe. Bientôt. Tenir.
Eh, mon chou. Tu sais qu’le monde part en couilles, on l’voit tous les jours. Des attentats qui prolongent un état d’urgence qui ne les a pas empêchés, mais qui leur complique certainement la vie, c’est quand même marquer contre son propre camp quand on est terroriste. Des politicards qui semblent tout droit sortis du bac à sable, Le Pen Junior au second tour (ça dépasse l’entendement les gars). Des défilés de mode avec des tenues qui ont exactement l’air de celles que portaient les séries à la con de mon enfance, mais seulement après des bagarres qui déchirent tout (surtout les tissus). Nan y a pas de doute, on a décalé vers un monde parallèle, c’est pas possible autrement.
Alors viens, prends-moi la main, pour suivre le chem... Euh, pardon. Mais viens, viens avec moi, on va courir très vite, et sauter très haut, on va s’amuser jusqu’à la mort. Y a plein de façons de faire ça, mais je t’en propose une : toi, moi, un instrument de ton choix, nos voix, et des potos avec leurs instruments et leur voix. Allez mon ange, laisse-toi aller : on va chanter la vie, on va crier la joie, et on va huer les enfoirés qui veulent empêcher les autres de vivre. J’en ai ma claque de voir les gens tirer la gueule, mes amis pleurer ou se disputer. Ras-le-bol de laisser faire, de perdre nos libertés sous prétexte que j’peux pas changer le monde tout seul. C’est vrai : seul, j’peux pas, mais avec toi, avec vous, les copains-copines, on peut, et on va le faire.
Oui, c’est sûrement un peu étrange comme article, mais si t’as lu jusque-là, ça veut dire que c’était pas inutile de l’écrire. Mais c’est sérieux : au lieu d’interpréter les chants tranquilles d’autres artistes, ou les chants révolutionnaires d’autres rebelles, on devrait écrire les nôtres, et crier plus fort avec notre coeur, pour leur dire qu’on les laissera plus passer, pour leur dire qu’on est là, finalement, et que c’est plus à des crétins de nous dire quoi faire. Théâtre, chant, ou n’importe quel spectacle de rue, on peut changer les choses à notre échelle, alors venez, m’abandonnez pas seul dans ma merde. J’veux pas d’un monde dans lequel les jeunes (ou pas) se laissent marcher sur les pieds par peur des représailles ou par flemme. Le nihilisme, c’est sympa cinq minutes, mais là même moi j’en ai marre. Levez-vous, avec ou sans moi d’ailleurs, levez-vous en choeur à plusieurs, et faites bouger le monde.
15 juillet 2017-26 février 2018-2 mai 2017.
Oh, aujourd'hui ça fait donc probablement officiellement quatre ans et demi que je suis sdf.
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