Mon corps a des problèmes, ok. Mais mon état global ne risque pas de s'améliorer si je me concentre sur le physique. Parce qu'à l'heure actuelle, mon esprit refuse de soigner mon corps. Mon esprit détruit, dissèque, détériore, démolit, désagrège, désespère, définit. Mon esprit sape tous les "efforts conscients" que je fais pour éviter de mourir chez mes potes. Je suis perpétuellement en état de veille, peut-être le mode sdf en fait.
Je rêve de choses dont j'ai vraiment pas envie de rêver. Je rêve de viol, d'agression. Je rêve de mon père qui me kidnappe, m'attache, me séquestre. Je rêve de choses qui font mal. Quand j'arrive à m'endormir, je me réveille au bout d'une heure ou deux, je meurs de chaud et d'angoisse au fond du lit, je passe des heures d'insomnie avant de pouvoir retrouver le sommeil. Je me lève pour manger, avec l'espoir que ça puisse arranger les choses...
J'ai perpétuellement le coeur au bord des lèvres, au bord des yeux, au bord du vide. Quand je vois des gens sourire, j'ai envie de pleurer. Quand je vois des gens pleurer, j'ai envie de pleurer. Quand je vois des gens manger, j'ai envie de pleurer. Quand je bâille, quand je respire, j'ai envie de pleurer...
J'aime pas ma gueule dans l'miroir j'aime pas ma gueule dans l'noir
J'aime pas ma gueule quand tu souris j'aime pas ma gueule quand tu pleures
J'aime pas ton rire ni ton sourire j'aime pas tes milliers d'ronds dans l'eau
J'aime pas ta haine j'aime pas ta peine j'aime que tu chiales voudrais qu'tu m'crèves
J'aime pas ta queue j'aime pas ton cul j'aime pas dépendre de tes aveux
J'aime pas ton rire j'voudrais qu'tu r'viennes j'aime ton silence moins qu'ton absence
J'aime pas tes yeux j'aime pas tes bras j'aime pas ta vie qui s'arrête pas
J'aime pas m'souv'nir ni oublier j'aime pas savoir qu'ça fait un an
J'aime pas l'miroir dans ton sourire j'aime voir l'ouverture dans ton cou
J'aime pas ton sang j'aime pas tes larmes je veux qu'tu crèves et qu'tu m'oublies
J'aime pas ma gueule dans l'miroir j'aime pas ma gueule dans l'noir
J'aime pas ma gueule quand tu souris j'aime pas ma gueule quand tu survis
J'aime pas ma gueule quand tu souris j'aime pas ma gueule quand tu m'oublies
J'aime pas ma gueule j'aime pas mes mains j'aime pas mon dos j'aime pas mes jambes
J'aime que mes yeux j'ai que mes yeux pour pleurer voir l'image déformée
De mon corps fatigué de mon corps torturé j'aime pas qu'tu m'aimes j'aime pas ma peine
J'ai des vertiges incessants, au moindre mouvement. Même immobile, même allongé, même au repos qui constitue mes journées. Les douleurs, idem.
Je crève d'envie d'avoir quelqu'un contre moi, de sentir sur ma peau celle d'une personne que j'aime. Mais, chaque fois que quelqu'un de "réel" vient, c'est pire : la personne n'est toujours pas là pour moi, mais pour elle elle l'est, et moi je ne vois que cette brume qui me parle, je n'entends que cette brume qui sonne faux, je ne sens que cette brume fade et visqueuse qui me cache vos mains. Les gens ne font plus partie de ma réalité, je ne reçois que les éclats de verre coupants des mots qui blessent sans le vouloir, je ne perçois que les choses qui font mal. Comment supporter ton absence, toi qui n'as jamais touché ma peau ? Comment supporter de ne pas t'entendre, toi qui ne m'as jamais parlé que dans mes songes ? Comment survivre à la distance, quand tu n'existes que dans mes pensées ? Comment survivre en sachant que tu ne viendras jamais, ne m'approcheras jamais, n'inventeras jamais de mots pour me parler, ne seras jamais rien d'autre que le fruit de mon imagination ? Peu importe combien de personnes tu es... Pourquoi me sembles-tu bien plus réel-le que la réalité, que les personnes réelles ? Pourquoi ça fait si mal de ne pas sentir ta peau... pourquoi ça me brise les os...
Tes mains dans les miennes. Ton coeur sur le mien. Tes larmes sur ma peau.
Je me suis fait du mal, bien plus que tu n'aurais pu m'en faire. Peut-être par peur, peut-être pour me protéger, me faire mal pour que les autres ne puissent m'atteindre. Peut-être simplement parce que je me déteste. Quand est-ce que j'ai commencé à me détester ? Est-ce qu'un jour je me suis aimé ?
J'veux mourir, j'veux mourir, cette pensée m'obsède. J'aimerais tellement redevenir ce que j'étais, avoir le courage de sourire, de lire, de courir, de chanter, de marcher, de nager, de sauter, de parler, de voyager, de rire, d'aimer... J'aimerais être à nouveau capable de me lever, d'exister, de vivre peut-être...
Je vous déteste. Je vous hais, je vous hais toustes tellement. J'ai plus envie d'me battre, j'ai plus envie d'courir. Te courir après, d'ailleurs, pour quoi faire ? Je l'ai déjà tant fait, après toi ou d'autres, toujours en vain. J'ai mal de ma vie, mal de ta mort. Mal des trop nombreuses pertes, de mes bestioles disparues ou des ami-es perdu-es. J'ai mal d'avoir été quitté, abandonné tant de fois, dès l'enfance. J'ai mal d'avoir pleuré tant de fois toutes les larmes de mon corps, mal d'en avoir encore. J'ai mal de les verser pour rien, mal de les verser pour la douleur et la peine. J'ai mal de mes peines, mal de mes joies. J'ai mal de mes douleurs, mal de mes bonheurs. J'ai mal de vos malheurs et mal de vos bonheur, j'ai mal de vos horreurs. J'ai mal de voir encore cette lueur, au loin, mal de croire encore au désespoir.
En voyant un clip de vieux alcooliques, je me surprends à sourire, de bons souvenirs. Les yeux mal ouverts, les dents cassées, l'odeur de clope et d'alcool, les vieux qui gueulent de leur voix fatiguée, les chants de marins et les meubles qui cassent. Le micro-ondes balancé par terre, la bouteille fracassée sur un crâne, les insultes. Le sang et le verre par terre, la crasse sur les murs et la gazinière, les portes défoncées. Cette odeur, toujours. Ne jamais ouvrir le frigo. Les chiens, les chats, les vieux punks sur le retour avec leurs fringues puantes et leurs marmots. La lumière jaune, l'air du soir, les surnoms. "Untel est mort", comme une habitude pour eux. La viande, la graisse, les poils de chien. Les odeurs et les couleurs, comme vieillies, déjà à l'époque. La violence, les disputes, les cris, les coups, les insultes. De bons souvenirs...
J'aurais tellement aimé être comme vous, j'aurais tellement aimé faire des soirées comme dans les films, me sentir faire partie d'un groupe. J'aurais voulu rire avec vous, grandir avec vous, mais j'ai vécu et grandi en décalage.
Les cauchemars s'enchaînent, immondes et terrifiants. Chaque nuit, chaque fois que je m'assoupis, des images poisseuses qui restent sur ma peau au réveil, des scènes que je ne veux pas voir s'insinuent jusque dans mes os et dévorent mes entrailles. J'ai peur. Horriblement peur. Parce que c'est pas vraiment comme si j'entendais des voix dans ma tête qui me disent du mal. Non, c'est plutôt tout mon environnement qui me semble hostile. Comme quand j'étais petit et persuadé que les gens me regardaient par la fenêtre, me voulaient du mal quand je marchais dans la rue. Je sais plus. Mais si seulement y avait que l'extérieur. J'entends les murs craquer, les clefs tourner. je vois des ombres, des pas. Les objets. Les objets... C'est comme si les objets allaient s'infiltrer sous la couverture, se faufiler entre mes cuisses. Je suis obligé de les serrer de plus en plus, jour et nuit. La chaleur m'épuise, me bloque, m'oppresse, pourtant je ne peux me résoudre à m'endormir sans un tissu sur mon corps, entre mes jambes, j'ai trop peur. Même le matelas, même la couverture, parfois même j'ai peur de mes peluches...
Autodestruction. Mon corps est peut-être en train de se manger tout seul, ou alors c'est mon esprit qui le manipule. Qu'est-ce qui m'arrive ? Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive...
J'ai envie de tes mains sur ma peau, de me sentir vivant à nouveau. J'ai besoin de ton rire sur mes lèvres, de ta voix sur mon coeur, de ton nom sur mes yeux, de me sentir aimé à nouveau. J'ai besoin de changement dans ma vie, parce que j'ai trop peur de ce que j'ai fait, de ce que je ne peux pas faire. Tu rêves, tu rêves encore. Tu rêves de ce sourire que tu as perdu, de cette sensation de fraîcheur qui a disparu.
Ton nom, ton nom, mais où est-il ? Il s'est enfui, envolé, il s'est évaporé je ne peux plus le toucher. J'ai beau chercher, beau courir, lorsque mes pieds nus le foulent, il s'évanouit à nouveau. Il part en fumée dès que j'essaie de l'approcher. Ton nom me hante, me frôle, me fait rêver et m'ensorcelle, mais jamais il ne se pose simplement sur ma bouche pour me laisser le savourer.
J'ai envie de sentir ton corps enserré dans mes bras, ta tête sur mon torse ou mon ventre sur ton dos, j'ai envie de me blottir contre toi, mon visage dans ton cou ou tes lèvres sur mon épaule. Mais tu n'es qu'une brume dans mon esprit, un souffle d'air autour de mes paupières. Je peux sentir ton coeur battre contre mes tempes, mais jamais je ne le sentirai se répandre le long de mes doigts. Je peux entendre ta voix le long de mon échine, mais jamais je ne l'entendrai résonner au loin. Je peux voir le goût de tes lèvres, mais jamais je ne te verrai sourire par mes yeux. Cette douleur, cette douleur... Pourtant, je te sens à mes côtés, si souvent. Mais jamais assez fort, jamais assez longtemps. Jamais assez réel. Rien n'est jamais assez réel. Rien n'est réel, je suis épuisé.
"Y a longtemps qu'j'ai pas vu l'soleil, dans mon univers souterrain. Pour moi tous les jours sont pareils, pour moi la vie ça sert à rien ! Je suis comme un néon éteint."
Je me suis perdu dans mes mondes intérieurs.
J'ai plus du tout la maîtrise.
Y a rien de logique qui m’indique que je serais pas réveillé. Y a rien qui prouve que ce serait un rêve, une hallucination, un délire.
Le problème, c’est que rien non plus ne me prouve que c’est la réalité. Rien ne m’indique même que je suis réveillé. J’essaie de me focaliser sur la pensée que c’est réel, que j’existe. Je choisis mes mots en fonction de ça, je fais comme si j’y croyais. Mais j’y crois pas. J’y crois pas, parce que je le ressens pas.
Je le sens pas dans mon corps, je le sens pas dans mon coeur, je le sens pas dans ma tête. J’essaie de m’en convaincre, sauf que, au fond de moi, rien n’y fait. Seules les couches superficielles de mon esprit sont affectées par la raison, la logique, les faits.
Et le problème, c’est que la raison me dit que, tant que j’ai pas de preuves que c’est pas réel, faut partir du principe que ça l’est; la logique me dit que, tant que j’ai pas de preuves que c’est réel, je peux pas être sûr; et les faits, eux, me disent que je peux pas me fier à ce que je crois, ni au contraire de ce que je crois, les faits me disent que je vais pas bien et que si tout tourne à ce point, si tout est flou, c’est pas nouveau.
Tu sais, quand je dis qu’à chaque passage aux chiottes j’me demande si je suis éveillé ou non. C’est pas seulement à ce moment, que ça ressemble à un rêve. C’est tout le temps, ou presque. Et c’est pas une façon de dire que c’est trop beau pour être vrai. Non, c’est juste trop flou, trop brumeux, cotonneux, trop pâteux. Ça sonne faux. Ça a pas le goût du réel. Il fait plus froid, ou plus chaud, ou plus humide, ou plus sec, que ce que ça devrait.
Et là Derek dans Teen Wolf vient de dire exactement les mots qui me hantent. “Dis-moi comment tu sais si t’es encore en train de rêver ou pas”. Et moi, j’en sais rien. Le coup des doigts, ça marche pas, la douleur, ça marche pas, ne pas respirer, ça marche pas.
Je crois que j’ai besoin d’aide.
28 juin - 31 mai 2020.
Alors coeur coeur sur toi si ça va pas hein, mais c'est vachement beau.