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En funambule sur un fil tranchant

leoapwal69

Si seulement il pouvait me trancher moi à la place. Si seulement je pouvais être en première ligne, pour te préserver du pire. Si seulement je pouvais tanker les dégâts à leur place, les épargner un peu avec, avec le peu de forces qu'il me reste. Si seulement, si seulement, soupire le pic vert. J'ai pas la carrure pour te protéger, j'ai pas l'énergie pour te soulager, j'ai pas le sourire pour t'encourager, j'ai pas la joie pour te porter, j'ai pas l'envie pour exister, t'accompagner.

J'aurais voulu être un héros, j'aurais voulu voler à ton secours et t'offrir la lune. J'aurais voulu être un artiste, un vrai, un qui touche le coeur et qui saigne, un qui dit de vraies choses à de vraies personnes. J'aurais voulu avoir la voix pour porter mes idées, avoir des idées à porter avec ma voix. J'aurais voulu te suivre frangin, j'aurais voulu être toi, j'aurais voulu être vrai, être fort, être grand. J'aurais voulu réussir au moins ça, j'aurais voulu être quelque chose. J'aurais voulu autre chose qu'errer comme une âme en peine, j'aurais voulu des rêves qui font moins pleurer, j'aurais aimé quelques étoiles encore dans mes yeux. J'aurais voulu te retrouver, j'aurais voulu te rencontrer, j'aurais voulu me relever.

J'aurais voulu, j'aurais voulu...

J'ai dans la peau les cicatrices de tes douleurs, de ta douceur, de tes couleurs. J'ai dans le coeur les souvenirs de tes sourires, de ton rire, de tes soupirs. J'ai dans le corps les vestiges de tes regards, de ton histoire, de tes espoirs. J'ai dans la tête encore les morts de tes larmes, de ton âme, de tes armes. Et j'ai, c'est tout ce que j'ai.

J'aimerais sentir encore dans mes doigts des griffes, tes reproches, tes colères, j'aimerais sur mon ventre ton sourire et ton repos serein, j'aimerais savoir battre ton coeur, j'aimerais que pulse dans mon cou nos éclats de rire d'être juste toi et moi, la surprise de me réveiller près de toi. J'aimerais être, j'aimerais exister, j'aimerais tout cesser et enfin me reposer.

Et partir, ou mourir, ou dormir longtemps.

Ce soir encore j'espère un héros pour me sauver, une héroïne. Ce soir encore j'attends qu'on me prenne par la main, qu'on me dise que tout va bien, qu'on m'entraîne vers le matin, qu'on me dise "je reviens". Qu'on me rejoigne, pour de vrai, pour une fois, qu'on m'empoigne, s'il le faut. Qu'on me secoue, me réveille et me dise "c'était un rêve, c'était un rêve", que rien de tout ça ne soit vrai. J'ai essayé de ne rien regretter, j'ai essayé très fort. De me dire, mais si j'avais pas eu si mal, si j'avais pas fait cette erreur, je ne serais pas là, pas comme ça, je ne serais pas qui je suis là où je suis, je ne connaîtrais pas ces gens. J'ai essayé d'assumer, d'accepter, j'ai essayé très fort. Mais la vérité c'est que j'accepte pas, ça fait trop mal.

Parce que finalement, les conséquences sont trop lourdes.

Parce que finalement, je ne veux pas.


Je vais pleurer

Le post de Yaon

Je

Je peux pas

Je peux pas encaisser ça

C'est forcément un cauchemar

Je vais me réveiller, me réveiller il y a trois ans, c'est pas vrai tout ça, c'est pas possible

Je peux pas

Mon cerveau ne parvient pas à envisager la dictature

Mon cerveau bloque il part en bug il crash

Je

Je peux pas encaisser, je peux pas

J'arrive déjà pas à encaisser ma vie à moi, j'arrive pas à réaliser les dernières années, depuis mon arrivée à Lyon je comprends plus rien, depuis mon départ de chez ma mère, depuis mon départ du collège en fait, je, j'arrive pas à réaliser que mon frère soit parti de la maison, et ça fait quatorze ans

Quatorze. Ans.

Je suis toujours ce gosse qui veut suivre son grand frère. Qui le croit.

J'ai pas les épaules pour supporter la politique, la souffrance, la mort des autres.


26 novembre 2020.

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