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Débranché

Au fil des ans j’ai arraché tellement de fils de connexions

J’ai coupé moi-même les écrans tout est cassé tout est perdu

Je pourrai jamais retrouver les souvenirs données effacées

Je suis un PC débranché qu’on a zappé d’mettre au rebut


Je m’suis déconnecté de tant d’choses pour survivre

Les doigts au fond du corps j’ai arraché les gaines

Qui protégeaient mes sens des brûlures du dehors

J’ai affronté mes peurs et créé mes angoisses


J’ai jeté tant de sensations aux oubliettes de ma chair

J’ai coupé les ponts et les pièges guettant ma mémoire infidèle

J’me suis caché dans mon déni comme si j’les sentais pas revenir

Jusqu’à organiser moi-même une part de ma détresse actuelle


Comment me protéger sinon en m’effaçant

Si je n’existe pas je ne peux pas souffrir

J’ai détruit mes souvenirs pour avoir un présent

Pour respirer un jour j’ai brûlé mon avenir


Petit j’étais déjà doté d’une capacité étonnante

Pouvant sans peine déconnecter les sensations comme la douleur

Insensible aux températures je m’amusais à jouer les forts

Riant des réactions des autres de leur jugement et de leur peur


Bien sûr avec le temps le fait s’est élargi

Illimité en temps en quantité aussi

Surtout de nouvelles cibles la faculté grandit

Pour répondre aux attaques le cerveau se suffit


D’un coup de bistouri mental j’ai supprimé le goût l’odeur

Et le toucher pour les chatouilles stratégie de survie sexuelle

Déconnecté le corps du cœur pour avaler toutes ces conneries

Pour supporter ma vie d’alors j’ai fait une croix sur tout mon corps


J’ai fini par bloquer toute sensation physique

Ignorer les alertes les appels au secours

J’ai fini par pourrir lentement de l’intérieur

Coincé dans mon cerveau pour n’plus jamais subir


J’ai banni le pire comme le bon le poison comme le nécessaire

Emprisonné hors de ma chair j’ai souffert du manque volontaire

La nourriture ennemie vaincue se traînait encore à mes pieds

À trop vouloir me protéger j’ai cessé d’habiter mon corps


J’m’étais débarrassé de ces désagréments

La faim n’existait plus si je l’avais connue

Et elle eut beau tourner rôder au fond des os

Je la noyais sans peine sans même un p’tit verre d’eau


J’ai jeté loin de mes pensées ces sensations désagréables

Souvenirs d’un passé lointain auquel je n’avais plus accès

Et le plaisir ultime affront fut relégué au rang de lame

Car pour jouir il faut mériter et cette blessure hantait mon âme


Aujourd’hui je sens bien que mon corps veut revenir

Il tisse des liens secrets bravant mes interdits

Aujourd’hui je sais bien qu’il serait bon d’ouvrir

Enfin mon cœur au corps mais la peur me muselle


Je sens les fibres de mon être lutter pour réveiller mon corps

Pour lui donner enfin accès à ce système dans son entier

Je résiste je prends l’mords aux dents et j’essaie de m’enfuir

Parce que chaque nouvelle connexion est une souffrance trop grande pour moi


Le couteau dans ma chair ça me donne envie d’rire

La brûlure sur la peau même si elle creuse j’l’ignore

La neige qui rend violet j’sais même pas qu’elle est là

Et la claque dans ma gueule y a qu’mon œil qui en pleure


Avoir un corps ça fait si mal je devrais avoir l’habitude

Mais j’ai peut-être trouvé mon maître parmi les odieux filaments

Qui tissent entre mon corps vieilli et mon pauvre cerveau harassé

Une maudite communication sans mon accord à mes dépens


Si je me suis coupé depuis tlm d’années

De tant de sensations il y avait une raison

Comment les retrouver sans perdre la raison

Sans me noyer sans fin dans toutes ces agressions


J’ai une sérieuse faculté à débrancher sans y penser

Des collections accumulées de sensations irremplaçables

Puis à complètement oublier que j’les ai un jour débranchées

Quand l’une revient je crois mourir quand elle sont deux je veux m’éteindre


Je n’me souviens même plus d’avoir coupé ces fils

J’ai oublié le temps où je sentais les goûts

Les odeurs la douleur venant de l’extérieur

A-t-il jamais été je n’le saurai jamais


Maintenant que je me suis extrait de mes environnements toxiques

De cette vie dangereuse et ludique où je me suis brûlé les ailes

Je crois que je peux me permettre après des années sans physique

De rebrancher des sensations qui m’ont été traumatisantes


Si j’ai changé d’époque mon corps en a pris d’autres

Il a suivi la lente décrépitude du temps

Je reviens habiter à pas lents et méfiants

Dans un champ de bataille déserté par le sang


Y a toute une part de ma détresse qui vient probablement du fait

Que longtemps avant mon accord mon corps avait d’jà décidé

Que les connexions revenaient sans prévenir et sans précaution

J’me suis tellement coupé d’mon corps comment tu veux qu’je sache manger


Le temps d’être au présent est venu et s’installe

J’en ai marre de lutter contre tous ces branchements

Il est vain de rester au passé torturé

Parfois ça a du bon de vivre dans son corps


Au fil des ans j’ai arraché tellement de fils de connexions

J’ai coupé moi-même les écrans tout est cassé tout est perdu

Je pourrai jamais retrouver les souvenirs données effacées

Je suis un PC débranché qu’on a zappé d’mettre au rebut


Novembre 2025.

 
 
 

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