Sur la mer en furie, ballotté par les flots
Un navire soupire sous les cris de ses hommes
Tous ces marins bruyants hurlent à l'abordage
Malgré les éléments déchaînés de toute part
Sur le pont martelé par les pieds des matelots
Vent, pluie, grêle et tempête entreposent la somme
De leurs efforts constants pour noyer l'équipage
Sous la coque éreintée, l'eau force les écarts
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Les batailles et les chasses ont rythmé le voyage
Des semaines et des mois ont soufflé dans les voiles
Mais ce soir, et depuis déjà plus de trois nuits
Le ciel silencieux boude la compagnie
Sur l'étendue étale tanguent les lourds cordages
Le roulis endormi se perd dans les étoiles
Les nuages absents chantent la lumière qui fuit
Et les hommes à l'ennui sacrifient leurs manies
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Le froid perce les corps, fait frémir les entrailles
Les épaisses couvertures, un maigre réconfort
Protègent les garçons qui s'étendent sur la couche
Et bien vite se serrent pour sentir le sang battre
Les doigts s'effleurent, se fuient, les jambes se chamaillent
Les cheveux s'entremêlent et les yeux se dévorent
La peau soupire, se tend pour que s'épousent les bouches
L'un de l'autre grisé, mais laissons-les s'ébattre
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Au matin le soleil réchauffe l'atmosphère
Un à un les marins sourient dans la lumière
Quand le couple innocent apparaît sur le pont
Les mousses, main dans la main, marchent vers leur ouvrage
Sous les yeux des aînés habitués à la chair
Ils s'embrassent et rougissent, puis poussent un cri fier
Par défi à leurs pairs, et le rire leur répond
Car les vieux loups de mer les voient dans leur sillage
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Le navire gaiement écoute les histoires
Des marins rigolards, de leur premier amant
De la fuite du temps dans les bras d'un mignon
Les récits plus timides des émois les plus doux
La joyeuse équipée travaille dans l'espoir
Nos jeunes amis ravis montent dans le gréement
Pour écouter à deux la vie des compagnons
Puis rejoignent leur bord tels deux habiles matous
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Dans la lumière paisible une voix se fait jour
Chant rauque et rocailleux d'un vieux débris sérieux
Les paroles s'envolent vers de lointains rivages
Et bientôt mille échos se mêlent au vieillard
La chanson enfle et gronde, le tonnerre devient sourd
L'énergie des forbans qui aiment les messieurs
Se répand dans les vagues où la poiscaille nage
La faim se montre enfin, maître coq prend son quart
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Sur ce vaisseau curieux, nul chef, nul maître à bord
Tous les hommes sont égaux face au dieu océan
Chacun son oeuvre, sa force, son repos, ses corvées
On enseigne à ses frères pour le bien du futur
On chante chaque jour, de tribord à bâbord
L'univers d'eau salée et son ventre béant
Les poissons et le vent, les îles, les ports rêvés
Les côtes, l'harmonica, et la liberté pure
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui chantent sous la hune
Le soir tombe et oublie de glisser sa fraîcheur
Dans le corps des marins qui travaillent encore
Leurs muscles se contractent et s'activent dans le noir
Les cordages et les voiles fouettent l'air vigoureux
La cabine des jeunes prend le froid par malheur
Un lit dans la nuit sombre, un souvenir en or
Et dans ce lieu paisible empli d'âme et d'espoir
La joie berce les coeurs des deux mousses amoureux
A bord de cet esquif fier et fort sous la lune
Les brigands, les bandits, les forbans ont du coeur
Filouteries et bagarres donnent aux esprits farceurs
La tendresse des pirates qui s'aiment sous la hune
10 octobre.
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