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Cycle brisé

leoapwal69

Quand mes cheveux si blonds résonnaient de cris clairs

Quand la lune et ses filles peuplaient mes nuits salées

Quand la rivière dormait au sein de mon repaire

Quand l'unique saison de mes émois lassés

Brillait de neige pure en désespoir d'hiver

Le soleil de tes yeux foudroyait ton passé

Je croyais dur comme fer au précipice amer

Engloutissant le temps, les corps et les idées


Quand les éclairs lucides d'un avenir mortel

Entamaient l'émail froid de mon coeur d'artichaut

Quand le givre sucré des veillées arc-en-ciel

Apaisait la surface d'un abîme d'échos

Ton doux rire éteignait mes rêves d'éternel

Sous le joug de mes peurs ployaient mes idéaux

Ce petit goût d'ailleurs écrasait les querelles

De mon esprit malade et de son échafaud


Quand les souvenirs sanglants de châteaux en Espagne

Luttaient contre les vents de mes nuits assassines

Quand le verre brisé qui me servait de pagne

Courait par les forêts pour noyer ma peau fine

Mon âme perdait ses soeurs dans un jeu que l'on gagne

Je filais dans l'oubli de rancoeurs et d'épines

Arrachant du réel l'aube qui m'accompagne

L'été de mes douleurs lissait l'eau anodine


Quand le nombre brisait mes innocences folles

Quand je courais au pire pour éviter mes peurs

Quand les noms et visages devenaient une colle

Quand le ciel assombri dissimulait l'horreur

Le matin refusait de lever sa corolle

Brusquant en un midi permanent mes erreurs

Et je traînais mes poings ébahis sous les geôles

D'un présent impossible assassinant les heures


Quand le glas de l'automne frappait de cécité

Nos fourrures glacées torpillées d'abandon

Quand la vie s'étiolait sur mes côtes galbées

Secret pari risqué d'une course au pardon

La brûlure des jours dissociait les pensées

Tes promesses en cendres répandaient l'horizon

Sur les pentes sablées de ma conscience noyée

Pour graver sur mes lignes les absences d'un nom


Quand la résurrection d'une amie invasive

Fit éclater en moi des mondes insolents

Quand le bleu disparu sortit ses pointes vives

Pour briser l'habitude de lendemains troublants

Le calice brûlant, transformant en ogive

Chaque seconde ou lieu, prit des airs de tourment

Il étincela tant qu'il déborda des rives

Qu'avait tracées pour moi l'archange au firmament


Quand un arbre fragile emporta ma raison

Dans les méandres crus d'une illusion fortuite

Quand les chants résonnèrent, créant une maison

Sous les combles amers poussiéreux de mes fuites

Les sirènes violentes morcelèrent mes passions

Pleurer dans la bataille mes doutes partis trop vite

Incendia tous mes os, répandit le poison

Du printemps qui s'éveille en ma foudre interdite


Quand ton sourire charmant arracha de mes côtes

Le soupir trop bruyant de mes songes flétris

Quand ta langue épuisa mes résistances mortes

Pour plonger dans une ère révolue et meurtrie

Quand tes doigts résolus attisèrent la faute

Qui frémit en mon sein, l'univers me surprit

À entendre ton nom je transperçai les portes

Et dans tes bras ardents endormis mes écrits



15 juillet.

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