Quand mes cheveux si blonds résonnaient de cris clairs
Quand la lune et ses filles peuplaient mes nuits salées
Quand la rivière dormait au sein de mon repaire
Quand l'unique saison de mes émois lassés
Brillait de neige pure en désespoir d'hiver
Le soleil de tes yeux foudroyait ton passé
Je croyais dur comme fer au précipice amer
Engloutissant le temps, les corps et les idées
Quand les éclairs lucides d'un avenir mortel
Entamaient l'émail froid de mon coeur d'artichaut
Quand le givre sucré des veillées arc-en-ciel
Apaisait la surface d'un abîme d'échos
Ton doux rire éteignait mes rêves d'éternel
Sous le joug de mes peurs ployaient mes idéaux
Ce petit goût d'ailleurs écrasait les querelles
De mon esprit malade et de son échafaud
Quand les souvenirs sanglants de châteaux en Espagne
Luttaient contre les vents de mes nuits assassines
Quand le verre brisé qui me servait de pagne
Courait par les forêts pour noyer ma peau fine
Mon âme perdait ses soeurs dans un jeu que l'on gagne
Je filais dans l'oubli de rancoeurs et d'épines
Arrachant du réel l'aube qui m'accompagne
L'été de mes douleurs lissait l'eau anodine
Quand le nombre brisait mes innocences folles
Quand je courais au pire pour éviter mes peurs
Quand les noms et visages devenaient une colle
Quand le ciel assombri dissimulait l'horreur
Le matin refusait de lever sa corolle
Brusquant en un midi permanent mes erreurs
Et je traînais mes poings ébahis sous les geôles
D'un présent impossible assassinant les heures
Quand le glas de l'automne frappait de cécité
Nos fourrures glacées torpillées d'abandon
Quand la vie s'étiolait sur mes côtes galbées
Secret pari risqué d'une course au pardon
La brûlure des jours dissociait les pensées
Tes promesses en cendres répandaient l'horizon
Sur les pentes sablées de ma conscience noyée
Pour graver sur mes lignes les absences d'un nom
Quand la résurrection d'une amie invasive
Fit éclater en moi des mondes insolents
Quand le bleu disparu sortit ses pointes vives
Pour briser l'habitude de lendemains troublants
Le calice brûlant, transformant en ogive
Chaque seconde ou lieu, prit des airs de tourment
Il étincela tant qu'il déborda des rives
Qu'avait tracées pour moi l'archange au firmament
Quand un arbre fragile emporta ma raison
Dans les méandres crus d'une illusion fortuite
Quand les chants résonnèrent, créant une maison
Sous les combles amers poussiéreux de mes fuites
Les sirènes violentes morcelèrent mes passions
Pleurer dans la bataille mes doutes partis trop vite
Incendia tous mes os, répandit le poison
Du printemps qui s'éveille en ma foudre interdite
Quand ton sourire charmant arracha de mes côtes
Le soupir trop bruyant de mes songes flétris
Quand ta langue épuisa mes résistances mortes
Pour plonger dans une ère révolue et meurtrie
Quand tes doigts résolus attisèrent la faute
Qui frémit en mon sein, l'univers me surprit
À entendre ton nom je transperçai les portes
Et dans tes bras ardents endormis mes écrits
15 juillet.
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