Sous la nuit étoilée chantent les pierres du temps
Des rubans de rivière grimpent au firmament
Les troncs craquants, noueux, tordent leurs oripeaux
De feuillage, de branchages, et déchirent leur peau
Leur écorce écorchée tombe en lambeaux épars
Dans les trous de leur corps, la vie grouille, croît et part
Sur le sol pourrissant prolifèrent les insectes
L'humus croule sous les coups de ces poignards infectes
Que sont les branches mortes, chutes d'un géant d'air
Qui voit partir en miettes les résidus amers
D'un édifice vert que sa vie a bâti
Solitude assassine, végétal décati
Le mal qui ronge ton âme, c'est le mal de l'oubli
Trop d'années ont flétri sous le ciel affaibli
Ton sang sèche et durcit, vient éclater tes veines
De pierre, elles se suicident, t'entraînent dans l'arène
Sous un soleil de plomb, tu fonds, te mues en cendres
L'or fin de sa lumière déchire tes méandres
Ta chair blanche se morcelle sous la morsure des astres
Tes entrailles de marbre galopent au désastre
Cimetière de bruyère, tes compagnons éteints
S'entassent sous tes pieds, canevas de rotin
Leurs cadavres encore frais font un sordide écrin
Aux émeraudes de tes doigts, aux jades de tes mains
Aux lapis-lazuli de tes yeux éplorés
Poumons éclatés de pluie, cheveux essorés
Ta fratrie se délite, certains encore debout
Voient mourir leurs espoirs, percés de bout en bout
Sous l'orage et la rage des éléments furieux
Les squelettes s'entrechoquent en un ballet curieux
Brûlé d'un coup de foudre, ton corps vit et s'embrase
Lèvres closes, tu hurles, brises le sceau d'une phrase
Et meurent dans les flammes tes dernières paroles
Ta race part en fumée, ton esprit se désole
Et monte au firmament pour une joute assassine
Ton âme vert argent et chryséléphantine
7 octobre.
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