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Cauchemar enraciné

Ça y est j’suis reparti dans ma boucle infernale

Une playlist bien précise que je connais par cœur

La première à chaque fois c’est «Parler à mon père»

On enchaîne sur «Mon Vieux» même si beaucoup trop lent

«Viens viens» même si ma mère y voyait de l’inceste

Puis je lance Noam «Viens maman on va danser»

Et «Maman oh maman» je sais personne connaît

Mais là où j’ai grandi c’était devenu un hymne

On finit en fanfare Tit’ Nassels «Emmène-moi»

Ça r’vient de temps en temps et toujours dans cet ordre

Tu le devines sans doute oui j’ai encore rêvé

Que j’me faisais violer par des gens d’ma famille


Pourquoi tu me violes (violes)

Jusque dans mes rêves (rêves)

Même dix ans après (près)

J’y peux rien j’en crève (crève)

Je saurai jamais (mais)

Ce qui s’est passé (sé)

J’sais pas si c’est vrai (vrai)

Mais ça m’fait gerber


Les gros plans sur ta teub ou la sienne ou la vôtre

Les sensations précises et beaucoup trop vivaces

Qui me restent dans la gorge bien après mon réveil

En larmes je serre les fesses car j’ai sur toute la peau

Trop de mains qui essaient de rentrer n’importe où

Le monde devient poisseux tout est une agression

Et puis cette voix qui chante du fin fond du cauchemar

Que je dois la fermer que tout ça c’est ma faute

Que j’aurais dû me taire mais à quoi je pensais

Quelle idée de crier d’appeler au secours

Pendant qu’ton frère te viole qu’est-ce que c’est que ces mots

Tais-toi donc t’as pas honte que vont dire les voisins


Pourquoi tu me violes (violes)

Jusque dans mes rêves (rêves)

Même dix ans après (près)

J’y peux rien j’en crève (crève)

Je saurai jamais (mais)

Ce qui s’est passé (sé)

J’sais pas si c’est vrai (vrai)

Mais ça m’fait gerber


Chaque fibre de mon corps rejette les flashs qui bouclent

Je me tords me débats contre ces gerbes acides

Ces caresses amères dont je me passerais bien

Je sais c’était qu’un rêve mais j’le fais si souvent

Y a tellement de variantes la panoplie d’l’inceste

Parfois c’est un d’mes frères ou les deux ou mon père

Et plus rarement ma mère elle a surtout la place

De me morigéner me reprocher mes cris

On doit donner l’image d’une famille unie

Cette nuit c’était tout ça oui les trois à la fois

Et elle qui ne fait rien ou bien qui les soutient

Cette attitude me hante car je la sais réelle


Pourquoi tu me violes (violes)

Jusque dans mes rêves (rêves)

Même dix ans après (près)

J’y peux rien j’en crève (crève)

Je saurai jamais (mais)

Ce qui s’est passé (sé)

J’sais pas si c’est vrai (vrai)

Mais ça m’fait gerber


J’sais même pas c’qui est le pire entre les tentatives

Les phrases sales les regards mains partout sur ma peau

Les fois où j’me laisse faire fatigué d’me débattre

Ou trop faible inconscient incapable d’les repousser

Et le poids du secret devoir fermer ma gueule

Parce que si j’ose parler c’est moi qui détruirai

Cette famille idéale dans laquelle tout l’monde s’aime

Donner le bon exemple et ne pas faire de vagues

J’sais pas c’qui s’est passé et je saurai jamais

Si des gens d’ma famille m’ont touché d’cette manière

Mais si c’est arrivé j’n’ai le droit que d’me taire

C’est comme ça qu’ça fonctionne dans une famille modèle


Pourquoi tu me violes (violes)

Jusque dans mes rêves (rêves)

Même dix ans après (près)

J’y peux rien j’en crève (crève)

Je saurai jamais (mais)

Ce qui s’est passé (sé)

J’sais pas si c’est vrai (vrai)

Mais ça m’fait gerber


Avais-je quatre ans ou seize pourrais-je me souvenir

S’il n’est rien arrivé est-ce ma faute si j’y pense

Peu importent les faits j’ai pas de prise sur eux

La source de mes cauchemars climat incestueux

J’ai grandi dans cette crainte j’ai toujours cauchemardé

Je voudrais des réponses mais elles n’existent pas

J’ai la nausée j’vois flou je sais bien qu’ça passera

Et bien sûr c’est à moi que j’en veux à chaque fois

C’est moi qui me sens sale c’est moi qui me dégoûte

Mais comment mon cerveau peut m’envoyer encore

Ces images dégueulasses que je connais par cœur

J’voulais juste dormir je sens mon âme céder


Pourquoi tu me violes (violes)

Jusque dans mes rêves (rêves)

Même dix ans après (près)

J’y peux rien j’en crève (crève)

Je saurai jamais (mais)

Ce qui s’est passé (sé)

J’sais pas si c’est vrai (vrai)

Mais ça m’fait gerber


6 septembre 2025.

 
 
 

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